lundi 12 février 2007

Maurane


Si aujourd'hui

Je l'avoue : à la première écoute de ce nouvel album de Maurane, je ne suis pas rentré dedans. Hormis le magistral Si aujourd'hui, la douzaine de chansons qui lui succédaient m'ont paru plutôt fadasses. Il est vrai que ce premier titre signé Pierre-Yves Lebert/Daran met la barre très haut. Il est de la famille du somptueux Sur un prélude de Bach. Maurane, qui possède tout de même une des plus belles voix de la chanson francophone, y est à son meilleur. Et ce n'est pas peu dire. Elle nous livre là une interprétation toute en douceur, en nuances. Sa voix, très en avant, se détache magnifiquement sur un élégant et discret tapis de cordes. Une pure merveille. Bon Dieu que c'est beau !
Evidemment, après un tel vertige, il a bien fallu redescendre des cimes. Et j'ai eu peur que Maurane, une fois de plus, n'ait pas trouvé les chansons que son talent mérite. C'est donc la deuxième écoute qui m'a permis de découvrir que cet album, très homogène, contenait un joli bouquet. Il aurait pu (aurait dû ?) s'intituler Sereine, comme le troisième titre, tant Maurane y apparaît comme apaisée, positive. Si le climat général reste mélancolique, c'est une mélancolie souriante qui prédomine. Même les ruptures et les séparations sont zen (Dernier voyage, Prendre hier à deux mains). Pour aller de Bonheur en Extase, elle s'est envolée jusqu'aux Antipodes, jusqu'à ce qu'elle retrouve tout ce qu'elle aimait.
Il faut également souligner le joli mariage de voix entre elle et Daran dans cette tendre chanson d'adieux qu'est Dernier voyage. Et puis, parmi ces douceurs sucrées, se sont habilement glissées deux fantaisies signées du sémillant Philippe "Coeur de loup" Lafontaine, le jazzy cool Mousse mousse bébé, et le swingant D'extase, comme deux fenêtres ouvertes sur la légèreté. Ces deux chansons préparent judicieusement le terrain pour le titre bonus qui nous est offert en toute fin d'album, Remora, poisson-pilote, une java guillerette dans laquelle Maurane donne libre cours à son sens de l'humour et de la gaudriole.
En résumé, Bien que Si aujourd'hui leur fasse un peu d'ombre (on n'écrit pas tous les jours des chansons de cette qualité), je place en deuxième position le très efficace Je me suis envolée, et en troisième le printanier Tout ce que j'aimais. Ensuite, j'ai bien aimé Les antipodes, qui comporte un bien joli refrain, le brillant exercice de style réalisé dans la délicate interpétation de Sereine, la fragilité envoûtante de Dernier voyage et la fringante tonicité de D'extase.

Aucun commentaire: