mercredi 3 octobre 2007

Chat et souris


Théâtre de la Michodière
4bis, rue de la Michodière
75002 Paris
Tel : 01 47 42 95 22
Métro : Opéra/4 septembre

Une pièce de Ray Cooney
Mise en scène par Jean-Luc Moreau
Avec Francis Perrin, Jean-Luc Moreau, Bunny Godillot, Cécile Magnet, Murielle Huet des Aunay, Benjamin Wangermee, Marc Bertolini

Ma note : 8/10

L'histoire : Tout va bien pour Jean Martin, chauffeur de taxi, marié depuis 20 ans à Mathilde, à Montreuil... Et en même temps, à Charlotte, à Ivry.
Jean Martin a deux adorables enfants, Alix à Montreuil... Et Guillaume, à Ivry.
La vie est belle, son secret est bien gardé...
Jusqu'au jour où ces deux ados découvrent que, sur Internet, on peut faire des rencontres...

Mon avis : Ne boudons pas notre plaisir ! Voici là du bon théâtre populaire comme on l'aime, un pur divertissement destiné à nous faire oublier tous nos soucis pendant deux heures.
Si les suites sont de plus en plus prisées au cinéma, on ne peut pas dire que ce genre soit courant au théâtre. En fait, Chat et souris est la suite de Stationnement alterné. Ce qui est amusant et particulièrement réussi, c'est le passage de témoin entre les deux héros du premier épisode, Eric Métayer (dans le rôle de Jean Martin) et Roland Marchisio (dans celui de Gilbert Jardinier), et ceux d'aujourd'hui, Jean-Luc Moreau et Francis Perrin. L'action se passe 17 ans plus tard. Jean Martin a les cheveux blancs, sa double vie frénétique l'a empêché de prendre de l'embonpoint, et il est toujours aussi survolté. Gilbert Jardinier est toujours aussi emprunté et, quand il est sous l'emprise de l'émotion (ce qui lui arrive hélas très fréquemment), il se met à bégayer... Il y a une réelle gémellité entre chacun des deux tandems.
Oubliez l'affiche - misérable - de Chat et souris ; ça la fiche mal, mais on n'en tient finalement plus aucun compte lorsqu'on sort hilare, essouflé et les yeux humides du théâtre de la Michodière. J'ai rarement vu une pièce dont le rythme soit aussi soutenu du début à la fin. Le postulat de base est des plus simplistes : Jean Martin, adepte du double foyer, mène une double vie depuis 20 ans. Il a même réussi l'exploit de rendre sa double relation parfaitement stable. Donc, une fois que l'on a accepté de prendre pour argent comptant (content ?) une telle situation, on n'a plus qu'à se laisser embarquer par la frénésie ambiante au moment où sa duplicité risque d'être mise au jour, via ses deux rejetons, par Internet interposé...
La pièce démarre sur les chapeaux de roue et, pas un dixième de seconde elle va perdre en intensité. La mise en scène, avec en permanence sur scène la vie en parallèle des deux foyers, est d'une efficacité totale. Elle ne nous pose aucun problème. A peine Jean Martin (Jean-Luc Moreau) apprend-t-il que sa fille de Montreuil et son fils d'Ivry, après avoir fait connaissance sur le Net, ont décidé de se rencontrer, qu'il s'affole, craignant d'être démystifié et de voir son bel assemblage détruit. Un vent de panique souffle sur Montreuil, épicentre du drame. Les scènes, cocasses, cartoonesques, paroxystiques, s'enchaînent dès lors à une cadence endiablée. La salle s'étrangle de rire, certaines répliques nous échappent parce qu'elles sont couvertes par des applaudissements enthousiastes.
Remarquablement entourés par leurs cinq partenaires qui sont bien plus que des faire-valoir, Jean-Luc Moreau et Francis Perrin sont irrésistibles de drôlerie. Les situations sont tellement énormes, puériles, invraisemblables que l'on ne peut qu'en rire. Tous les genres du comique y passent, le mime, la pantomime, les grimaces, l'absurde, le burlesque... Les portes claquent, les cris fusent, il y a des cascades (mais si...), et surtout ça court, sa saute, ça s'agite... Il faut voir dans quel état se trouve Jean-Luc Moreau au moment des saluts : il est tout rouge, dégoûlinant de sueur, il peine à reprendre son souffle, sa chemise est à tordre... Il doit perdre un ou deux kilos par représentation.
En résumé, Chat et souris n'a d'autre ambition que nous offrir une folle parenthèse et c'est vraiment réussi. C'est un véritable dessin (très) animé qui se déroule sous nos yeux. On met tout sens critique de côté, on s'en fout d'essayer de trouver logique et cohérence, on s'amuse, on rit, on pleure, on s'étouffe et ça fait du bien ! Devant autant de générosité et de joie communicative, on ne peut que dire merci.

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