jeudi 13 décembre 2007

Les Bonimenteurs


Le Bataclan
50, boulevard Voltaire
75011 Paris
Tel : 01 45 45 76 91
Métro : Oberkampf / Saint-Ambroise

Du 18 au 31 décembre 2007

Avec Jean-Marc Michelangeli et Didier Landucci

Ma note : 7,5/10

Mon avis : En cette époque où les ouragans se déchaînent, c'est un vent de folie douce qui va souffler pendant deux semaines au Bataclan.
Marco (Jean-Marc Michelangeli) et Ducci (Didier Landucci) sont deux hurluberlus inclassables. Leur spectacle, en effet, ne ressemble à aucun autre car il repose sur le talent extravagant de deux personnages, deux personnalités aussi différentes que complémentaires.
A priori, ils respectent la grande tradition du cirque avec l'Auguste (Ducci) et le clown blanc (Marco). Mais on s'aperçoit rapidement que ce serait aller un peu vite en besogne que de les réduire à ce binôme. Ils font preuve d'une telle inventivité, d'une telle originalité et d'une formidable générosité que nous avons droit avec eux à plusieurs spectacles en un : humour, jeux de mots, accents, mime, bruitages, comédie musicale, et j'en oublie. Et le tout nous est livré à un rythme dingue.
Déjà, leur façon d'arriver sur scène se démarque. Tout de noir vêtus, ils surgissent sur une chorégraphie très très personnelle, pour ne pas dire navrante, à travers laquelle on perçoit bientôt qui est qui. Marco, sérieux, directif, un tantinet grandiloquent, est le mâle dominant. Ducci, espiègle, facétieux, insouciant et maladroit est le prototype du benêt. Pagnol aurait dit "le ravi". C'est un peu comme si Prof et Simplet avaient décidé de se produire en duo.
Sur scène, rien ou presque rien : deux fauteuils et deux serviettes-éponges rouges... Mais ils n'ont besoin de rien de plus puisque c'est leur folle énergie qui va toute entière prendre possession de l'espace jusqu'à déborder dans la salle... Ils attaquent leur show par une improvisation pure. Un thème est tiré au sort et ils partent dans un époustouflant délire. C'est un tsunamimodrame qui déferle sur un public ébaubi et enchanté. Puis ils compliquent leur numéro de funambules du verbe et du geste en inscrivant sur un tableau 7 mots pris au vol parmi les propositions des spectateurs et, après s'être fait également imposer un thème tiré au sort, ils vont s'efforcer à les introduire dans une histoire abracadabrantesque inventée de toutes pièces. C'est de la haute voltige. La salle, qui assiste à des moments de comédie surréaliste, hurle de rire. Mais ces trésors d'imagination, pour étonnants qu'ils soient, sont encore bonifiés par la qualité des intermèdes qu'ils nous servent entre deux prouesses. Non seulement ils sont remarquablement écrits mais, surtout, admirablement dits.
L'opposition de styles et de comportements de nos deux olibrius ne fait que renforcer l'impact de la drôlerie. Marco se cantonne avec superbe dans son rôle de camelot déclamateur, laissant à Ducci ses débordements burlesco-cartoonesques. Ce qui est également très réussi, c'est cet acharnement qu'a Marco à vouloir faire de Ducci son souffre-douleur alors que celui-ci, dans sa candeur enfantine, ne s'aperçoit de rien et ne lui laisse aucune prise. Il campe en quelque sorte un idiot plus vrai que mature !
Ce qui est sûr, c'est qu'avec ces deux zigotos, du côté du Bataclan, la période des fêtes va bien justifier son nom...

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