mercredi 30 janvier 2008

Opération Cousine


Théâtre Fontaine
10, rue Pierre Fontaine
75009 Paris
Tel : 01 48 74 74 40
Métro : Blanche

Une comédie de Gérard Pinter
Avec Gérard Pinter, Caroline Bal, Anne-Elisabeth Blateau, Franck Jouglas, Christophe Petit, Laurence Roy

Ma note : 6,5/10

L'histoire : Sur fond de campagne éléctorale, Paula débarque sans prévenir ; ou presque...
Elle est belle, si belle et si sexy, que la libido des messieurs en est toute émoustillée. Chose qui, bien sûr, n'est pas du goût de ces dames. Mais en réalité, la jeune femme n'est là que pour leur confier son secret ; son lourd secret...
En quelques heures, c'est la vie d'un maire de province et de son entourage qui bascule...

Mon avis : Le CIRQUE PINTER est de retour ! L'hurluberlu frénétique a planté son nouveau chapiteau rue Fontaine et, une fois de plus, il n'y va pas avec le dos de l'écuyère...
Opération Cousine, dont on comprend au fil du spectacle que le titre contient un double sens, s'inscrit dans la parfaite lignée des deux précédentes oeuvres de Gérard Pinter, Un putain de conte de fée et On tire bien sur les lapins. On y retrouve son univers si personnel, son cocktail explosif composé de quatre ingrédients principaux : un rythme de folie, du burlesque, des calembours de plus ou moins bon goût, de la grivoiserie... On ne sait où Gérard Pinter va puiser de telles ressources énergétiques. On sort de chacun de ses spectacles complètement épuisé pour lui. Et encore, cette fois, il ne campe qu'un seul personnage !

Tous les protagonistes de cette pièce sont caricaturaux à l'extrême. A commencer par Mauricette, une invraisemblable bonniche terriblement enceinte d'on ne sait qui (même si on saisit rapidement que le père est le maire), curieuse, insolente, qui se mêle de tout... Il y a donc le maire, Michel, qui n'a pas perdu son chat, mais qui perd assez facilement la tête quand un jupon passe à sa portée, fût-ce à bord d'un avion ; il est en pleine campagne éléctorale pour essayer d'être réélu... Il y a aussi le très dévoué Raymond, son directeur de campagne, qui passe son temps à s'efforcer de réparer les bourdes de son patron et qui, plus il essaie de ménager la chèvre et le chou, plus il s'enfonce dans un tourbillon infernal... Il y a Estelle, l'épouse du maire, un peu bourge, un peu courge, mais qui sait qu'elle a le pouvoir car c'est elle qui possède les finances... Il y a Paul, le frère d'Estelle, devenu Paula suite à une opération qui a métamorphosé ce garçon en une magnifique créature débordante d'arguments et qui adore en jouer... Et enfin, il y a Paul de Saint-Sauveur, dit "le nettoyeur", un individu peu sympathique dont la mission est de saborder la partie adverse...

Tous ces personnages sont pas mal frappadingues. le décor cossu dans lequel ils évoluent est vite transformé en un invraisemblable foutoir où ça court, ça crie, ça gesticule... Chez Pinter on peut être assuré d'avoir un gag et une réplique humoristique toutes les 30 secondes. Quand il était petit, ses parents le collaient sans doute devant les dessins animés de Tex Avery, et il en est ressorti cet énergumène frénétique, à la gestuelle et aux mimiques totalement cartoonesques.
Vous l'aurez compris, puristes s'abstenir. On ne va chez Pinter pour ronronner devant des dialogues subtils et se pâmer devant des réflexions métaphysiques. On y va pour rire de bon coeur et partager un vrai moment de folie douce. Même si on est parfois réticent à certaines blagues approximatives, à quelques saillies sous la ceinture ou à quelque situation exagérément grotesque, il nous a l'usure. C'est tellement énorme qu'on craque, emporté dans une ola de fous rires avec nos voisins. Si bien qu'on ne voit pas le temps passer.
Comme son célèbre homonyme prénommé Harold, Pinter est fasciné par l'absurde. La comparaison s'arrête là. Le traitement n'est absolument pas le même car il n'y a pas une once de tragique dans la "dramaturgie" du Gérard. Il n'y a que cocasserie.
J'en terminerai avec cette Opération Cousine avec deux critiques qui me sont personnelles et n'engagent donc que moi : l'affiche d'abord, que je trouve désuète, un peu cheap (on n'est pas au théâtre des Deux Anes !) ; et, ensuite, j'ai eu un peu de mal avec le personnage de Paul de Saint-Sauveur, tellement survolté, tellement surjoué, tellement dans les décibels qu'il en devient vite insupportable. Heureusement, il se calme un peu sur la fin.
Mais, hormis ces deux petites réserves, si vous voulez passer, sans prétention, un excellent moment de détente, de rire et d'oubli, Opération Cousine ne vous décevra pas.

Aucun commentaire: