lundi 11 mai 2009

Des gens


Petit Montparnasse
31, rue de la gaîté
75014 Paris
Tel : 01 43 22 83 04
Métro : Gaîté / Edgar Quinet

Une pièce adaptée et mise en scène par Zabou Breitman
D’après Urgences & faits divers de Raymond Depardon
Avec Zabou Breitman et Marc Citti
(Attention, sur l’affiche figure encore le nom de Laurent Lafitte qui avait créé la pièce avec Zabou Breitman. Mais depuis début mai, c’est Marc Citti qui a repris le flambeau)

Ma note : 6,5/10

Le sujet : Les gens ont été filmés par Raymond Depardon dans ses documentaires Faits divers (1983) et Urgences (1988) qui retracent le quotidien d’un commissariat de police et celui d’un service d(urgence psychiatrique parisien… Ces gens existent ou ont existé. Ils témoignent de nos désarrois et de nos déséquilibres…

Mon avis : Une bonne dizaine de minutes avant que ne commence la pièce proprement dite, quatre personnages en blouse blanche déambulent sur la scène, en groupe ou individuellement, se croisent, échangent quelques bribes de conversation… En plein milieu, un miroir, composant une des faces d’un énorme cube, nous renvoie notre propre image… Soudain, c’est l’obscurité totale. Et, à la lueur vacillante de deux bougies, apparaît un couple assis par terre. Ils sont interrogés par un policier. On comprend peu à peu que nous nous trouvons dans une cave qu’un propriétaire sans scrupules loue à un couple de paumés. Les deux pauvres hères, totalement désemparés, tentent de façon pathétique de donner des explications rationnelles. Ils sont tellement gênés par leur infortune qu’ils n’osent même pas élever la voix, qu’ils chuchotent… Cette première scène donne le ton car une vingtaine de tableaux va nous brosser le portrait de laissés pour compte, de névrosés, de dépressifs, d’alcooliques, d’obsédés ; nous décrire toute la misère de ces « gens » marginalisés par leur folie, leurs tocs, leur déprime, leur solitude. Et ils n’ont pour les entendre ou les écouter que des policiers, des infirmières ou des psy.
Pendant qu’ils se livrent à leurs confidences ou que des personnes bienveillantes essaient de les aider, nous parviennent confusément les bruits de l’hôpital et ceux du dehors. Cette bande son, omniprésente, est très importante. On entend des pas, des sirènes, des voix… Et, en fonction de l’endroit où se déroule l’action, le cube central pivote, nous présentant selon sa face deux portes, un couloir d’hôpital… Tous les changements de décors sont effectués à vue par deux personnes en blouse blanche et/ou par les deux comédiens eux-mêmes. Ceux-ci changent également de tenue à vue, profitant de deux portiques situés cour et jardin…

Zabou Breitman et Marc Citti sont de toutes les scènes. Ils alternent les rôles, devenant tour à tour le malade et le soignant, la victime ou le flic… Leur performance est tout simplement époustouflante. La finesse de leur jeu étant encore plus impressionnante lorsqu’ils incarnent un personnage à l’esprit fragile ou perturbé. Certains duos reviennent d’ailleurs en fil rouge. L’un d’eux, quand Zabou campe une jeune femme dépressive, traumatisée par les hommes, accablée par les tâches ménagères, et Marc le psy qui essaie de lui venir en aide, est particulièrement touchant et réussi… Les trouvailles de mise en scène foisonnent, nous intriguent et nous amusent, comme la présence invisible mais palpable d’une caméra qui tourne en permanence ou l’utilisation des ombres chinoises. D’autres nous semblent parfois un peu superflues comme l’intrusion d’un téléviseur diffusant le début d’un bon vieux western.

Des gens est une pièce qui ne peut nous laisser indifférents. La misère humaine y est décrite avec un tel réalisme que nous ne pouvons que nous sentir partie prenante. Et le jeu des deux comédiens est réellement remarquable. Reste que l’on subit quelques longueurs, quelques scènes un peu répétitives et qui se ressemblent les unes aux autres. Peut-être eût-il fallu un peu plus de nervosité. Mais ce faux rythme, assurément voulu par la mise en scène ajoute à l’aspect oppressant du thème. En tout cas, on ressort passablement impressionné par ce dont nous venons d’être les témoins. On en nourrit que plus de respect encore pour ce personnel soignant confronté au quotidien à ces gens à la dérive et qui cherchent à les protéger et à les tirer de leur mauvaise passe. Et, enfin, on ne peut qu’applaudir la formidable préstation de comédie pure que nous offrent Zabou Breitman et Marc Citti, absolument épatants l’un et l’autre.

1 commentaire:

Fanny a dit…

Je l'ai vue le week end dernier.
J'en ai pensé à peu près la même chose.
Mon regret : avoir été fatiguée...
Mal assise, j'ai un peu décroché par moments car la trame était un peu trop décousue.
J'ai trouvé le passage "western" un peu long également.

La fin est pleine de poésie.
Je ne le recommanderai pas à tout le monde cependant.
Le succès de la pièce repose en grande partie sur les acteurs plus que sur l'adapatation des 2 reportages au théâtre.