mardi 5 mai 2009

Je l'aimais


Un film de Zabou Breitman
D’après le roman d’Anna Gavalda
Scénario, adaptation et dialogues de Zabou Breitman et Agnès de Sacy
Avec Daniel Auteuil (Pierre), Marie-Josée Croze (Mathilde), Florence Loiret Caille (Chloé), Christiane Millet (Suzanne), Geneviève Mnich (Geneviève)…
Sortie le 6 mai 2009

Ma note : 5/10

L’histoire : En une nuit, Pierre va partager avec sa belle-fille Chloé ce grand secret qui le hante depuis vingt ans, celui qui le mit face à lui-même, à ses contradictions et à ses choix, à son rôle d’homme et à ses manques. Le secret de cet amour pour Mathilde, pour lequel il n’a pas tout abandonné, choisissant une route plus sûre et plus connue. En une nuit, nous saurons la vie d’un homme qui n’osa pas…

Mon avis : Je me demande si dorénavant je ne vais pas zapper systématiquement les films qui contiennent le verbe « aimer » dans leur titre. Après le ratage de Celle que j’aime d’Elie Chouraqui, voici celui de Je l’aimais, le troisième film de Zabou Breitman en tant que réalisatrice. Pas pour les mêmes raisons, bien sûr, mais le résultat est le même : une grosse, très grosse déception.
Zabou Breitman avait remarquablement réussi son coup d’essai avec Se souvenir des belles choses, elle avait confirmé sa jolie humanité, son audace pour les sujets sensibles et son talent à bien fouiller les profils psychologiques avec L’homme de sa vie. Ces deux succès critiques et publics lui auraient-ils un peu faussé le jugement et, surtout, fait perdre une certaine rigueur, toujours est-il que son troisième opus est, à mes yeux, bien en dessous des deux précédents. Déjà, des trois best sellers d’Anna Gavalda, Je l’aimais, même s’il a atteint le chiffre enviable de 1,3 millions d’exemplaires vendus, est celui qui a obtenu le moins bon score (Ensemble c’est tout avait, lui, dépassé les deux millions). Il n’empêche…
Ayant pris beaucoup de plaisir devant l’adaptation d’Ensemble c’est tout, c’est avec un a priori très favorable que je suis allé voir ce qui sortirait de la rencontre Gavalda-Breitman. Un a priori rendu encore plus positif avec la présence à l’affiche de Daniel Auteuil et Marie-Josée Croze…

Et bien mes bonnes dispositions de départ se sont bien vite liquéfiées. En raison d’abord du départ très laborieux du film. Les premières vingt minutes sont lentes et lourdes à la fois. On peut comprendre que la réalisatrice ait voulu prendre son temps pour brosser les caractères de Pierre (Daniel Auteuil) et de sa belle-fille Chloé (Florence Loiret Caille) et, surtout, préparer le terrain pour les confidences de Pierre, mais le gros problème, c’est qu’on a du mal à supporter l’extrême douleur de Chloé, femme larguée, qui nous la joue « tragediente ». Elle en fait vraiment des tonnes. Le summum de l’excès étant atteint dans la scène des cigarettes… Si bien que notre seul dérivatif est de s'attarder sur le nez de Florence Loiret Caille qu’elle a au demeurant fort joli. Sous le poids de ce chagrin hyper démonstratif, de cette prostration résignée, on s’enfonce de plus en plus dans son fauteuil. Les quelques lueurs de légèreté étant heureusement apportées par le jeu de Lucie, l’aînée des deux fillettes, réellement épatante. Mais ce ne sont là que quelques éclairs…

Je l’aimais est un film d’atmosphère, mais d’une atmosphère à la fois monotone et monocorde. Pour être honnête, il y a de temps à autre de bons dialogues et on ne peut en aucun cas porter la moindre critique sur le jeu – parfait – de Daniel Auteuil et Marie-Josée Croze. C’est leur histoire qui nous gêne. Il faut être particulièrement fleur bleue ou nanti d’un cœur de midinette frémissant devant les livres de la collection Harlequin pour s’émouvoir aux péripéties de cette histoire d’amour digne de deux collégiens. J’étaie : la scène de la réunion de travail où Pierre rencontre Mathilde pour la première fois est aussi charmante que chiante, la scène qui suit, celle du bar, est bien trop caricaturale pour être crédible une seconde. A moins de croire au coup de foudre, ce qui n’est pas forcément le cas ici. On n’entre pas dans leur histoire, on se sent détaché, pas concerné. Ce (trop) long métrage, remarquablement filmé et photographié en revanche (rendons-en grâce à Zabou), est vraiment d’une banalité et d’une platitude extrêmes. Comme les conversations d’ailleurs le deviennent elles aussi dans la deuxième partie. Ce n’est en fait qu’une succession de clichés.

Pas besoin finalement de faire un film pour y apprendre ce que l’on sait déjà depuis belle lurette : que les hommes sont lâches, faibles et velléitaires ; et que les femmes sont courageuses, déterminées, passionnées, jusqu’au-boutistes et tellement plus « aimables » dans le sens noble du terme.

Je le répète, on ne peut rien reprocher à Daniel Auteuil et à Marie-Josée Croze, ils sont en tous points excellents, mais leur passion, hélas, ne nous passionne guère

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