vendredi 31 juillet 2009

Neuilly sa mère !


Un film de Gabriel Julien-Laferrière
D’après une histoire de Djamel Bensalah
Avec Samy Seghir (Sami), Jérémy Denisty (Charles), Rachida Brakni (Djamila), Denis Podalydès (Stanislas de Chazelle), Joséphine Japy (Marie), Mathieu Spinosi (Guilain), Chloé Coulloud (Caroline), Josiane Balasko (la directrice du collège), Valérie Lemercier (la mère de Charles), Booder (Chef Picasso), Ramzy (Aziz), Armelle (madame Blanchet), Olivier Baroux (M. Boulègue), François-Xavier Demaison (Le père Dinaro), Julien Courbey (Le prof de sport), Pierre Ménès (Le père de Jason), Elie Semoun (L’huissier)…
Sortie le 12 août 2009.

Ma note : 6/10

L’histoire : Sami Benboudaoud, 14 ans, vivait heureux avec ses copains dans sa cité de Chalon-sur-Saône. Un jour, hélas, le destin l’arrache à son paradis et le propulse dans l’enfer de… Neuilly-sur-Seine !
Là, il est confié à sa tante Djamila qu’il rencontre pour la première fois. C’est une jeune et belle avocate qui a épousé Stanislas de Chazelle, héritier d’une vieille famille française, un peu rigide sur les bonnes manières. Dans leut hôtel particulier de Neuilly, Sami va devoir partager le quotidien de Charles, son cousin du même âge, plein de préjugés et obsédé par son ambition de devenir un jour… Président de la République ! Une attitude heureusement contrebalancée par celle de sa cousine Caroline, passionaria altermondialiste bientôt majeure, révoltée contre son milieu et surtout contre son père.
Au très chic collège Saint-Exupéry, Sami se voit confronté à la bande de Guilain, des adolescents des beaux quartiers qui font tout pour ressembler à des rappeurs "gangsta » et méprisent le petit Beur provincial de Chalon…

Mon avis : Lorsque je relis mes notes prises au fur et à mesure pendant la projection de ce film, leur contenu est édifiant.
J’ai d’abord écrit « un gamin génial » en parlant de Samy Seghir, qui tient le rôle principal, celui de Sami, « le seul Rebeu qui déteste Zidane » (vous comprendrez qu’il a de bonnes raisons pour cela)… Ensuite, j’ai noté « très bons dialogues ». ce qui est vrai tout du long. Puis « nombreux clins d’œil sur l’actualité », ce qui est très plaisant pour leur aspect satirique et impertinent. Plus loin, je trouve plutôt bien réussi le parallèle entre ces deux mondes aux antipodes l’un de l’autre que sont une cité de Chalon-sur-Saône et un quartier huppé de Neuilly-sur Seine. Puis je mets en avant la remarquable prestation de Jérémy Denisty, qui compose un ado bouffi de suffisances et de certitudes, une super tête-à-claques. Je mets alors en exergue une savoureuse scène entre Denis Podalydès et son ex-épouse de fiction, Valérie Lemercier, ainsi que le très bon numéro de politicien effectué par Michel Galabru.…
Nous sommes à peu près à la moitié du film et j’écris : « Une super comédie »…

Et puis arrivent les épisodes du collège, la vie dans Neuilly, les « racailles » locales… Et là, ce qui était une satire sociale vraiment réussie fait peu à peu place à des séquences de plus en plus caricaturales. Trop de caricature tue la caricature ! Le film tombe dans les incohérences, dans une absence de crédibilité. Si les dialogues continuent à être bien enlevés, la plupart des situations s’engluent dans l’irréalité.
Ce qui est à mes yeux le plus difficile à admettre, c’est le flagrant écart d’âge existant entre Sami et ses condisciples de Saint-Exupéry. Il fait tout juste ses 14 ans, ils en font manifestement au moins 18. On a du mal à croire qu’ils se retrouvent dans la même classe… Idem pour l’amourette qui se noue entre Sami et Marie, l’artiste inaccessible du collège. Il lui faudrait visiblement un petit banc pour lui rouler un patin. Et que dire de ces pseudo racailles emmenées par le pittoresque Booder ? Comment peut-on admettre qu’ils terrifient ces grands garçons arrogants et bien bâtis ?
Tout ceci fait que nos excellentes dispositions de la première moitié se délitent en peau de chagrin et on de moins en moins de plaisir parce que tout devient trop gros, trop excessif. Qu’est devenue l’agréable fraîcheur du début ?

Alors voilà l’exemple-type du film qui ne tient pas ses promesses jusqu’au bout. Un manque de rigueur évident et une volonté manifeste de mettre la loupe sur le décalage des cultures font que ce film d’abord enlevé et léger devient lourd et poussif. C’est regrettable car il y a là une brochette d’acteurs épatants emmenés par les très prometteurs jeunes, Samy Seghir et Jérémy Denisty. Rachida Brakni est belle et sensible. Podalydès est parfait dans un rôle limite burlesque. Balasko est égale à elle-même, donc juste. Ramzy est véritablement touchant dans son rôle météorique mais crucial…
Ah, s’ils étaient allés au bout de leurs (bonnes) intentions du début, on aurait eu à l’arrivée un très bon film. Il ne reste hélas qu’un aimable divertissement qui peut toutefois atteindre sans trop de mal la cible des jeunes et des ados.

Alex Pandev "Le cri de la fourrure"


Comédie de Paris
42, rue Fontaine
75009 Paris
Tel : 01 42 81 00 11
Métro : Blanche

One-woman show écrit par Alex Pandev
Mis en scène par Agathe Bergmann

Ma note : 7/10

L’histoire : Un dimanche soir, Elle, complètement décalée et furieusement défoncée aux grandes marques, atterrit seule et blessée, dans un club miteux où elle ne connaît personne et où elle va, avec une joyeuse férocité, ouvrir les failles, creuser les brèches de son existence et s’acharner à trouver le bonheur…

Mon avis : Le cri de la fourrure ??? Plutôt énigmatique comme titre ! on ne le comprendra d’ailleurs qu’à la toute fin du spectacle, et il prendra alors toute sa saveur. Bien que… Si on est attentif, on peut l’anticiper car il est tout à fait explicite et logique…
Première scène : A demi allongée sur une sorte de transat en plastique blanc, dans une pose affectée, Elle arbore une mini robe évasée noire et blanche estampillée Courrèges, des bottes blanches, des collants noirs, de grands gants noir et blanc et, évidemment, des lunettes de soleil. Jouant nonchalamment avec une cigarette, elle se lance sans plus attendre dans une diatribe absolument pas politiquement correcte. On sait tout de go à qui on a affaire. A une bonne bourge bien snob des quartiers chics de Paris, avec tous ses tics, ses attitudes, ses clichés et ses sentences à l’emporte-pièce sur tout et sur rien, avec un goût toutefois prononcé sur le futile et un amour compulsif et inconditionnel des marques… Ajoutez à cela un ton très précieux, servi par une jolie voix grave, un vocabulaire riche et imagé entrecoupé sans cesse d’anglicismes prononcés avec une préciosité très appuyée (« I dream », « Fuck ! », « Why ? », etc, etc…).

Et Elle nous raconte sa vie. Elle nous la narre avec une suffisance si caricaturale qu’elle en devient risible. Une vraie précieuse ridicule ! Assez vite, Elle commence à se dévoiler. Convaincue de son pouvoir de séduction, elle nous relate ses histoires d’amour avortées à peines entamées, ses ébauches de débauche, égrenant une litanie de prénoms et de profils masculins qui sont autant d’échecs sentimentaux. Bien sûr, elle fait celle qui n’en a cure. Ils ne la méritent assurément pas… Tout cela est énoncé dans un langage plutôt châtié, mais ponctué parfois de fulgurances bien crues et salaces qui font jaillir quelques « Oh ! » effarouchés des bouches de jeunes femmes un tantinet offusquées.
Cette Diane chasseresse narcisso-hystérique qui voudrait tant devenir enfin elle-même une proie, n’hésite néanmoins pas à saupoudrer son existence dorée de prises de risques insensées ; comme son odyssée dans… le 9-3 ! C’est Marie-Chantal à Saint-Denis, une aventure périlleuse teintée d’un exotisme déconcertant et générateur de frissons qui font délicieusement monter l’adrénaline. Quelle témérité ! Quelle inconscience !

On l’a déjà signalé, Elle possède une fort jolie voix ; une voix qui lui permet de pousser remarquablement la chansonnette. Son interprétation de « Lili Marlène » est particulièrement intense. Le silence qui se fait dans la salle à ce moment en atteste. En plus, elle bouge vraiment bien. Ce sens du rythme lui vient sans doute de sa troublante double personnalité qu’elle qualifie elle-même de « Négresse ashkénaze » !!! Pour être allumée, elle est bien allumée. Comme beaucoup de gens de sa caste, elle pratique la férocité avec une dent d’une dureté impitoyable. Il faut entendre ce qu’elle pense de sa « copine » Hermine. Pour ce qui est de dire du mal de son prochain, Elle n’a aucun état d’âme. Elle s’en fout même complètement puisqu’Elle assume et revendique haut et fort son jouissif statut de « garce ». Elle se permet d’autant plus de se lâcher, qu’elle est terriblement jalouse du bonheur des autres. Insupportables et parfaitement ridicules pour Elle… Et pourtant…

Et pourtant, et ce n’est pas là le moindre talent de la comédienne, sous cette avalanche de méchanceté, de mépris, d’égocentrisme, de suffisance (elle a peur par exemple d’attraper sur ses vêtements « l’odeur de la pauvreté), elle réussit subrepticement à nous faire comprendre qu’en fait elle est en souffrance. Dans sa quête exacerbée du bonheur pointe un profond désarroi, une solitude crasse. Elle a beau se vanter d’être quelqu’un de « simple et sauvage », elle n’est au fond d’elle-même que quelqu’un de très complexe et de bêtement consensuel. En fait, son seul désir – totalement inavoué – c’est de vivre auprès d’un bon mari et d’avoir un enfant. Mais elle est bien trop orgueilleuse pour condescendre à le reconnaître… Après tout, elle a son chien…

Voici, en gros, le contenu de ce Cri de la fourrure, un one-woman show décapant, haut en couleurs, délicieusement inconvenant (tant pis pour les pisse-froid) et, surtout, formidablement interprété par une comédienne aux talents multiples, bien extravertie, sans inhibition aucune, et au jeu parfaitement maîtrisé. Seul (tout) petit reproche, elle a parfois tendance à faire un peu trop durer quelques scènes d’hystérie (sur « Piensa Me », ou lors de certaines chorégraphies « énervées » qui, à mon goût, seraient plus efficaces si elles étaient plus brèves). Mais c’est bien peu en regard de la qualité de ce spectacle totale, remarquablement écrit (il faut le souligner) et interprété par une véritable Nature.

lundi 27 juillet 2009

Jusqu'à toi


Un film écrit et réalisé par Jennifer Devoldère
Avec Mélanie Laurent (Chloé), Justin Bartha (Jack), Valérie Benguigui (Myriam), Billy Boyd (Rufus), Maurice Bénichou (le réceptionniste), Géraldine Nakache (Josée), Yvon Back (Didier), Jackie Berroyer (le père de Chloé), Eric Berger (Jérôme), Arié Elmaleh (Pedro)…

Ma note : 4/10

L’histoire : Chloé, 26 ans, vit seule à Paris, entre une voisine envahissante, une collègue mesquine, un loueur de DVD donneur de leçons… une vie qui n’est pas à la hauteur de ses espérances…
Jack, la trentaine, Américain largué par sa copine, gagne un séjour à Paris. Chloé va alors, par un heureux hasard, récupérer la valise de Jack, celle que lui a légué son père et à laquelle il tient plus que tout. Et tomber amoureuse de son contenu… Chloé aime Jack, même si elle ne l’a jamais vu, même si elle ne sait rien de lui. Elle se persuade qu’il est l’homme de sa vie, qu’ils sont faits l’un pour l’autre, et elle va tout faire pour le retrouver.

Mon avis : Ce film est charmant. Oui, mais ce n’est hélas pas suffisant. S’il est charmant, c’est uniquement grâce au charme absolu que dégagent la superbe Mélanie Laurent et le très séduisant Justin Bartha (on dirait le clone de Mel Gibson jeune).
Or, à par ça, on ne retient pas grand-chose de cette bluette fade et insipide, dénuée de rythme et, surtout, qui s’englue dans les sables même pas (é)mouvants des lourdeurs scénaristiques. Le problème est là : il n’y a pas d’histoire. Il s’agit d’un long – très long - rêve vécu en parallèle par deux candides hyper romantiques, totalement déconnectés de la réalité. C’est mignon, mais c’est n’a aucun intérêt. D’autant qu’on sait qu’à un moment, les deux parallèles vont bien finir par se rejoindre… Les personnages annexes sont caricaturaux à l’extrême (le couple de voisins, la réceptionniste, le patron de Chloé…), donc peu crédibles. La trame est cousue, non pas de fil blanc, mais de cordes grosses comme des câbles. Au bout de dix minutes, on a deviné la fin… Au prix où sont les films !
Je ne vais pas m’attarder plus longtemps sur cette histoire à l’eau de rose gentiment idéaliste et vaguement onirico-poétique. On s’y ennuie vraiment trop !
Reste qu’il y a toujours largement de quoi rester amoureux de la douce et si photogénique Mélanie Laurent. Je me contenterai donc de contempler l’affiche avec son visage candide et lumineux en gros plan. Il faut savoir se contenter de peu.
PS : pour les filles, enfin celles qui auront envie d’entretenir leur côté fleur bleue et d’aller jusqu’en salle, Justin Bartha est réellement craquant…

vendredi 24 juillet 2009

Sandrine Sarroche "Nos amis les pipoles"


Théâtre Le Temple
18, rue du Faubourg du Temple
75011 Paris
Tel : 01 43 38 23 26
Métro : République

Ecrit par Sandrine Sarroche et Olaaf Brentot
Mis en scène par Michel Thibaud

Ma note : 7,5/10

Mon avis : Décidément, depuis une dizaine d’années, l’arrivée massive de jeunes femmes dans l’univers du one-woman show est un véritable phénomène. D’autant qu’elles assurent vraiment et sans se marcher sur l’extrémité des escarpins tant elles évoluent pour la plupart dans des registres différents. Le seul lien qui les relie, c’est qu’elles sont vraiment marrantes et, le plus souvent, vachement gonflées.
C’est le cas de Sandrine Sarroche, jolie jeune femme à la silhouette élancée et au sourire dévastateur, qui a choisi de jeter sa robe d’avocate aux orties pour se lancer dans le domaine, bien plus piquant, de l’humour. On l’avait découverte dans son tout premier spectacle JE suis Ségolène, elle nous revient aujourd’hui pour un deuxième tour avec une fresque absolument désopilante sur Nos amis les pipoles.
Dans ce Temple du rire où Sandrine est la grande prêtresse iconoclaste et pas très catholique, elle nous offre un véritable show. Lorsqu’on quitte la salle, on a l’impression d’avoir assisté à un spectacle total : il y a de la comédie, de la chanson, de la danse, de la parodie, de l’imitation, de la pantomime… Que voulez-vous de plus ? Du rire ?... Alors là, vous allez être gâté. Pendant près d’une heure et demie, la jeune femme enchaîne les thématiques sur les people à un rythme effréné. C’est bien construit, remarquablement écrit (son passé d’avocate plaide en sa faveur) et parfaitement interprété.
Dès son irruption sur scène, tout de blanc vêtue et arborant un t-shirt sur lequel est inscrit le mot « COACH », elle prend le public pour témoin ; en fait comme si elle s’adressait à des jurés en cours d’assises. Sur le banc des accusés, les people. Très conviviale, complice, elle attaque sur le physique (les dents de la jeune Céline Dion) et les has been (Les « PPDA », People Préhistoriques Devenus Anonymes). Le ton est donné. Il est caustique, acide, moqueur. Elle balance grave. Elle a un petit côté chansonnier mais dépoussiéré et relooké 21è siècle.
Elle pousse agréablement la chansonnette, bouge remarquablement, prend des accents (anglais, espagnol, africain, juif…), des voix de gamine, se livre à quelques imitations vraiment jouissives (Birkin, Christophe Willem, Carla Bruni, Véronique Sanson, Cloclo…), ne recule devant aucune audace qu’elle soit physique (elle est très à l’aise avec son corps) ou verbale (qu’une ex-avocate soit crue, c’est la moindre des choses), elle ne craint pas le ridicule avec certaines postures, adore les grimaces (même dans ce registre extrême, elle ne parvient pas à s’enlaidir ; une prouesse). Bref, au propre comme au figuré Sandrine Sarroche possède une langue de vipère, fine et acérée, distillant un venin heureusement plus roboratif que venimeux.
Son spectacle, tonique tout du long, sans aucun temps mort, est émaillé en outre de fort jolies trouvailles qui le tirent encore plus vers le haut car ce sont celles qui restent imprimées dans les mémoires, comme le recyclage de la voix de Jeanne Moreau (je vous en laisse la surprise pour qu’elle conserve toute son efficacité) ou celle – excellente - de Dieu en juif séfarade pérorant devant Adam.
Sandrine Sarroche décrypte pour nous avec une verve et un talent incontestable l’univers fantasmagorique du people. Son énergie est communicative, elle dégage une réelle sympathie. On voit bien qu’elle aime les gens et qu’elle a envie de donner et de partager. Enfin, quand je dis qu’elle aime les gens, je parle du public. Car pour ce qui est de nos chers people, ile en prennent vraiment pour leur grade. Sans doute les aime-t-elle aussi ; mais en fonction de l’adage « Qui aime bien châtie bien ».
A voir. Vous y prendrez énormément de plaisir.

mardi 21 juillet 2009

Une semaine sur deux (et la moitié des vacances scolaires)


Un film d’Ivan Calbérac
Avec Mathilde Seigner (Marjorie), Bernard Campan (François), Bertille Chabert (Léa), Grégori Bérangère (Jérôme), Judith Davis (Pauline), Danièle Lebrun (Nicole), Jean-Baptiste Fonck (Maxime), Keyne Cuypers (Hugo), Manon valentin (Chloé), José Paul (Le principal)…
Sortie le 22 juillet 2009.

Ma note : 6,5/10

L’histoire : Léa, 12 ans, aurait aimé vivre dans une autre famille…
Une famille où l’on ne se sépare pas, où l’on n’a pas deux maisons… Une famille où sa mère la comprendrait mieux, où son père aurait un peu plus les pieds sur terre et où son petit frère écolo ne lui reprocherait pas le temps passé sous la douche sous prétexte qu’il n’y aura bientôt plus d’eau sur la planète…
Cette année-là, Léa entre en cinquième. Tandis que son père et sa mère tentent de reconstruire leur vie, elle va connaître son premier amour, celui qui bouscule les certitudes sur le monde, sur les parents, celui qui fait qu’on n’est plus jamais vraiment la même…

Mon avis : Comédie douce-amère plutôt sympathique, Une semaine sur deux aborde un sujet on ne peut plus dans l’air du temps : la séparation, les familles recomposées ou qui essaient de l’être, les enfants tiraillés qui ne savent plus très bien où est leur place, les ados qui cherchent à construire leur futur alors même qu’ils vivent leurs premières amours, et les parents, encore jeunes, empêtrés avec leur toute nouvelle liberté en courant alternatif, qui rêvent de rencontrer enfin leur moitié d’orange… Ce film, c’est tout ça. Alors dire que l’on se sent obligatoirement concerné est un doux euphémisme. Quel que soit son âge, on est partie prenante. Après, il faut se résoudre à accepter l’interprétation du réalisateur et sa vision des choses…

Pour paraphraser le titre, tout du moins pour ce qui concerne, j’y ai pris du plaisir… sur deux. Enfin, pour être honnête, ce film est aux trois-quarts plutôt agréable. On va se débarrasser tout de suite du quart indigeste. Au début, on nous présente les deux enfants, Léa et Maxime, plus matures que leurs parents. Ça peut arriver bien sûr, mais avec un tel décalage. D’autant qu’on leur met dans la bouche des propos par trop sentencieux. Le petit garçon, intégriste de l’écologie, frise même le surdoué tant ses réflexions sont empreintes d’une sagesse agaçante… Parmi les condisciples de Léa, figure une certaine Chloé qui s’avère franchement insupportable. On veut bien qu’il y ait des ados qui se la pètent mais elle, elle est en permanence dans le surjeu. C’en est fatiguant alors qu’on suppose que ce personnage était là pour nous amuser… Enfin, la scène de psychothérapie est tellement décalée qu’elle en devient grotesque.

Voilà ce qui m’a gêné dans ce film. Maintenant, passons à ce qui est largement positif.

Les deux gamins, Max et Léa, sont vraiment formidables. Ils ont ensemble quelques scènes troublantes de justesse. Leur binôme fonctionne parfaitement. Max (Jean-Baptiste Fonck), avec sa bonne bouille craquante est parfois touchant de fragilité. Quant à Léa, elle tisse le fil rouge de cette histoire avec une présence vibrante et criante de vérité. Des Léa comme ça, on en croise dans notre vie de tous les jours. Ce qui rend d’ailleurs ce film plus attachant, c’est qu’on le vit la plupart du temps à travers les sensations qu’elle éprouve. Elle a les excès, les emportements, les enthousiasmes, les peines, les souffrances, les bonheurs exacerbés propres aux jeunes filles de son âge. Rebelles et romantiques, quoi ! Bref, Bertille Chabert est réellement excellente, et crédible.

Les adultes maintenant… Bernard Campan et Mathilde Seigner ont hérité là de rôles sur mesure. De film en film, Mathilde Seigner ne fait que s’affirmer comme une de nos actrices majeures. Dans tous les registres, elle est juste. Difficile de lui trouver une faille. On n’a pas l’impression qu’elle joue, elle se contente d’être avec un naturel désarmant… Bernard Campan explore encore une nouvelle facette de son talent avec ce personnage tellement masculin dans ses indécisions, ses volte-face, ses maladresses. C’est un doux rêveur, gentiment idéaliste et franchement utopiste. Un peu trop même… Et, comme à son habitude, Danièle Lebrun est toujours aussi remarquable.
Ce film est truffé de très belles scènes. J’ai évoqué plus haut, la complicité entre les deux gamins. On vit aussi des moments très forts dans les relations mère-fille et père-fille. De même les scènes de repas entre Grégori Derangère et Mathilde Seigner sont un régal de comédie. Itou pour le formidable numéro de duettistes auxquels se livrent Grégori Derangère et Bernard Campan … Enfin, les dialogues sont le plus souvent pertinents, plaisants, inventifs, joliment troussés.

En conclusion Une semaine sur deux est un film intergénérationnel qui devrait plaire au plus grand nombre, et surtout aux ados. On y a évidemment la confirmation que ce n’est vraiment pas facile d’être parent(s). la tâche est franchement délicate. Surtout quand on veut gérer sa propre vie en parallèle. La leçon essentielle que l’on retire en tout cas de ce film, c’est qu’il FAUT toujours se dire les choses, ne pas se mentir. Les relations en sont tellement simplifiées !

samedi 18 juillet 2009

La Villa Thaï


La Villa Thaï
8bis, rue Sedaine
75011 Paris
Tel : 01 48 07 02 02
http://www.lavillathai.com
Métro : Bréguet-Sabin

Ma note : 10/10

Mon avis : Que dis-je, « mon avis » ? Je devrais plutôt parler d’expérience. Car c’en est une particulièrement intense qu’il m’a été donné de vivre un peu par hasard.
J’ai connu l’extase ! J’ai effectué un séjour enchanteur au nirvana… Une heure d’un voluptueux bien-être. Tout cela grâce aux mains expertes d’une discrète et très professionnelle masseuse thaï.
Je n’ai aucun scrupule à en dire le plus grand bien pour la bonne raison que je n’ai aucun intérêt dans l’affaire, ni relationnel, ni financier. J’ai tout simplement envie d’en faire profiter le plus grand nombre. De même que je m’engage le plus honnêtement possible dans la critique d’un spectacle, de même je ne puis que tresser des louanges pour cet endroit de rêve…

Jusqu’à présent, je n’avais jamais goûté au plaisir du massage thaï. J’en avais beaucoup entendu parler, mais je n’avais pas encore eu l’occasion de franchir le pas. C’était toutefois inscrit en moi dans le rayon fantasmes. Et enfin, le 17 juillet 2009, j’ai été à dix doigts du bonheur. N’y connaissant rien, la dame de l’accueil a choisi pour moi. Ce serait le massage à l’huile…
J’étais plutôt intimidé et gêné aux entournures quand une jeune Asiatique est venue m’accueillir un peu cérémonieusement, me priant d’échanger mes vêtements contre un peignoir fort seyant et confortable et un mini-slip jetable. Mini-slip qui vaut plus par son côté pratique et hygiénique que par son élégance. Je ne me suis effectivement pas attardé sur l’image que me renvoyait le miroir de ma cabine. Tarzoon, la honte de la jungle… Grand moment d’humilité ! Mais la suite allait bien vite me faire oublier l’aspect furtivement ridicule de la scène.

A peine la jeune femme eût-elle posé ses mains sur moi qu’il n’y a eu plus qu’une chose à faire : fermer les yeux et profiter. Et essayer de s’interdire de ronronner de contentement.
La première demi-heure, on la passe à plat ventre. De l’extrémité des orteils aux deltoïdes, le moindre centimètre carré est exploré, malaxé, caressé, trituré, par des mains aussi fermes que douces. Il faut surtout s’abandonner avec une confiance aveugle (ce qui est d’autant plus facile les yeux fermés). La masseuse a l’art de titiller des endroits qui semblaient bloqués ou congestionnés depuis des lustres. Sous l’effet d’une secousse un peu plus appuyée, on entend les vertèbres craquer d’aise. On se sent se dédoubler, notre corps nous devient étranger ; on se fait le témoin de cette délicieuse torture. Quant au massage des pieds, c’est un très grand moment de sensations inconnues et agréables. Situation rare : le cerveau devient jaloux de ce dont le corps profite. Mais ce ressentiment s’évapore très vite grâce aux informations de plaisir pur qui envahissent un cortex soudain plongé à son tour dans une délectation lascive (Oui, je sais, je fais ma lascive à la main… La main de masseuse… Vous avez compris le massage codé ?). Bref, je me sentais merveilleusement bien. Et, en plus, ça sent bon.

La deuxième mi-temps est consacrée au recto. Les pieds prennent encore une fois le leur. Puis c’est au tour des mains et de chaque doigt de se faire papouiller et étirer. Ensuite ce sont les bras qui sont palpés avec station un peu plus longue sur les terminaisons nerveuses. On a l’impression que toutes nos scories s’auto détruisent pour laisser la place à des cellules régénérées. C’est une transfusion de printemps dans un corps à l’automne (je parle du mien, bien sûr). Enfin, la jeune femme, à genou derrière moi, propose la spécialité du chef. C’est-à-dire qu’elle n’en fait qu’à ma tête. Tout le crâne y passe, puis le visage, de la nuque aux sourcils, en passant par le menton et les ailes du nez. Partout… Que du bonheur !

L’opération se passe dans le silence le plus total. La mélodieuse musiquette d’ambiance n’étant interrompue de temps à autre que par un « ça va bien ? » exprimé avec un gentil sourire. Que voulez-vous répondre à ça ? Bien sûr que ça va bien. Formidablement bien même. On ne peut que remercier. On n’a aucune imagination pour trouver les mots qui traduisent notre bien-être. Alors on sourit, et on dit merci.

Sincèrement, je suis sorti enchanté de cette odyssée dans l’espace thaï, de ce voyage éthéré à la découverte de moi-même. J’étais dans ma bulle ; léger et détendu. Je savais désormais ce que voulait dire le terme « relaxé »… J’ai déjà hâte de retrouver ces sensations. Mais je vais me faire languir un peu, histoire de l’apprécier encore plus, ce fameux massage thaï…

samedi 11 juillet 2009

20000 lieues sous les mers


Théâtre Déjazet
41, boulevard du Temple
75003 Paris
Tel : 01 48 87 52 55
Métro : République

Adapté du livre de Jules Verne par Sydney Bernard
Avec Sydney Bernard (Professeur Pierre Aronnax) et Thierry Le Gad (l’assistant géographe)
Technique son et lumière : Tristan Urbanck
Décors et effets spéciaux : Patrice Hubert, Patrick Chemin, Ronan Mahéo
Musiques : John Scott, Loïc Le Cadre

Ma note : 7/10

L’histoire : Nous sommes en 1869, le gouvernement français organise une réception officielle pour célébrer le retour triomphal du célèbre professeur Aronnax. A cette occasion, l’éminent professeur conte son incroyable odyssée à bord du Nautilus.
Emporté par son récit, le truculent professeur s’anime, s’enflamme et revit son aventure en jouant avec les objets et les animaux de son laboratoire. Selon le moment de son récit, son bureau se transforme en salon, en sous-marin, en salle des machines ou en banquise…

Mon avis : Quel spectacle ! Et quelle performance scénique réellement époustouflante de la part de Sydney Bernard, alias le professeur Pierre Aronnax !
Avant de développer, je tiens à souligner la qualité et l’inventivité des décors, de la lumière, des effets spéciaux et, surtout, de la bande-son de ce spectacle hors norme, apte à séduire petits et grands. C’est le type de divertissement que l’on peut vraiment voir en famille car chacun y trouve son compte.
C’est bien écrit, bien dit, truffé de trouvailles ingénieuses, c’est drôle (avec une irrésistible touche de burlesque), épique, poétique, intelligent et formidablement instructif (sans être jamais pesant). En outre, l’adaptateur (toujours Sydney Bernard), tout en restant très fidèle à l’ouvrage de Jules Verne, réussit à distiller ça et là quelques petites messages écologiques de bon aloi (comme par exemple un avertissement sur l’inéluctable disparition des baleines)…

Comme beaucoup de savants, notre professeur est bien barré. Il est habité par un enthousiasme et une passion communicatifs. A lui seul, il campe une poignée de personnages qu’il personnalise avec ce qui lui tombe sous la main : une fourrure d’animal, un tibia… Il fait parler un poisson, un coquillage ; il prend divers tons de voix et accents… Le fameux capitaine Némo est représenté par le crâne d’un fauve préhistorique… Pris par le récit exalté de son aventure, il ne tient pas en place, mime différentes actions, se démène, se dédouble…
Il est épaulé dans sa narration par un assistant espiègle et maladroit qui nous permet de suivre le trajet du Nautilus à grand renfort de pancartes mentionnant la date et la position du submersible, pendant que le professeur nous en fait suivre le périple sur un grand planisphère descendu des cintres. Elément qui s’avère très utile pour aider à savoir dans quelle contré du monde nous nous trouvons.

Ce spectacle est émaillé de quelques morceaux de bravoure qui risquent de rester longtemps gravé dans vos souvenirs. Je croyais ainsi avoir vécu le moment le plus magique de la pièce avec la première sortie en scaphandre de Némo et Aronnax. C’est un instant d’une rare poésie. Nous sommes littéralement au fond de l’océan en compagnie des deux hommes. La scène est survolée par une multitude ininterrompue de bulles éclatantes de couleurs. C’est absolument féérique… Or, comme dans le film de Richard Fleischer (1954) avec Kirk Douglas, le clou du spectacle reste l’attaque du nautilus par le poulpe géant. Mais là, je ne veux rien en dire pour vous en laisser toute la surprise. C’est tout bonnement grandiose, inattendu..

Ce spectacle, réellement plaisant, est une superbe ode à la nature, à la faune et à la flore marines et terrestres. Mais c’est aussi un excellent divertissement mis en scène avec une imagination féconde et débordante. Le son et la lumière y tiennent une place prépondérante. Il faut être aussi fou qu’audacieux pour oser adapter une telle œuvre… et le réussir au-delà de toutes nos espérances. Il ne vous reste qu’à vous laisser embarquer, à plonger et à rester immergé pendant une heure et demie dans un océan d’action, d’émotion et de poésie. Quand les lumières se rallument, on croise, y compris chez les adultes, des regards enfantins baignés d’étoiles (de mer) et de larges sourires de plaisir. Les bienfaits de l’effet mer, sans doute…

samedi 4 juillet 2009

Presse Pipole


Théâtre du Palais-Royal
38, rue de Montpensier
75001 Paris
Tel : 01 42 97 40 00
Métro : Palais-Royal

Une pièce écrite et mise en scène par Olivier Lejeune
Avec Danièle Gilbert, Olivier Lejeune, Virginie Stevenoot ou Caroline Anglade, Stéphane Bouchet, Benoît Tachoires, Fabrice Fara ou François Deblock

Ma note : 6/10

L’histoire : Le rédacteur en chef du sulfureux magazine pipole, Le Torchon, décide en pleine nuit de casser sa « une », un paparazzo lui ayant proposé LE scoop susceptible de pulvériser les ventes. Il en découle un bouclage en urgence, riche en rebondissements où six personnages en crise s’entredéchirent : la secrétaire de rédaction que son imminent départ à la retraite rend folle, la chroniqueuse mondaine – le diable fait femme -, le paparazzo qui veut vendre ses clichés au meilleur prix, le naïf coursier de l’imprimeur, la star du petit écran prête à tout pour empêcher la parution de sa photo, et le rédacteur en chef lui-même, englué dans des tas de problèmes imprévisibles. Quoi que…

Mon avis : Du Olivier Lejeune tout craché ! Folle dépense d’énergie, rythme échevelé, cris, gesticulation, quiproquos en cascades, jeux de mots à la pelle - certains fort drôles, d’autres un peu téléphonés -, Olivier a mis dans cette pièce tout son savoir faire de chansonnier. Ceci dit, par rapport à Tout bascule, j’ai trouvé cette pièce un peu moins potache ; ce qui est tout à son honneur. Et ceux qui aiment son univers y trouveront largement leur compte en matière de gaudrioles et de plaisanteries.
La très grande bonne surprise de cette comédie, c’est la présence inénarrable de Danièle Gilbert qui se jette dans l’autodérision avec l’insouciance de quelqu’un qui ne sait pas nager et qui plonge quand même dans la piscine, persuadée qu’il va flotter. Elle est absolument épatante dans ce personnage de préretraitée enamourée de son patron et pas si bête que ça. Elle joue juste, elle n’hésite pas devant le ridicule appuyé de certaines scènes, elle y va à fond, et c’est plutôt réussi. J’ai aussi beaucoup apprécié le jeu tout en finesse de Virginie Stevenoot qui prouve que l’on peut être blonde et se comporter en bimbo (pour l’a pièce, s’entend) et monter une vraie intelligence de jeu. Elle manie le double jeu avec une gourmandise évidente qui passe aisément la rampe et nous séduit.
Bref, Presse Pipole est une pièce plutôt sympathique, légère et sans prétention qui nous fait pénétrer dans les arcanes d’un grand magazine qui ne se nourrit que de scandales, un milieu qu’Olivier Lejeune connaît bien, ce qui fait qu’il y a pas mal de vérités dans certaines attitudes et certains comportements (par exemple, les paparazzi qui vendent leur reportage au plus offrant et font monter sans scrupules les enchères, ou bien ces stars prises en flagrant délit de turpitude qui interviennent elle-même auprès des rédacteurs en chef et qui sont prêtes à tout pour suspendre une parution qui pourrait salir leur réputation…)

Manu Joucla et Eric Massot s'engagent


Petit Théâtre des Glaces
37, rue du Faubourg du Temple
75010 Paris
Tel : 01 48 03 11 36
Métro : République / Goncourt

Ecrit et joué par Eric Massot et Manu Joucla
Mis en scène par Pascal Serieix

Ma note : 7,5/10

Le propos : En ces temps moroses de crise financière où tout espoir est vain, deux hommes, Eric Massot et Manu Joucla, ont décidé de s’engager ! S’engager contre la misère… sexuelle, pour la faillite des actionnaires, contre l’écologie, pour la solitude des personnes âgées… Bon… Ils n’ont pas forcément tout compris, mais une chose est sûre : ils s’engagent à s’engager… quand même !!!

Mon avis : Après les « Nous c’est Nous », voici les « Deux c’est Eux ». Les deux ? Eric Massot et Manu Joucla, bien sûr ! Et les deux font la paire…turbation au Petit Palais des Glaces en les faisant réfléchir, les glaces… et les spectateurs aussi par la même occasion. Car en s’engageant, ainsi qu’ils l’annoncent sur leur affiche, nos deux larrons n’y vont pas avec le dos de la cuillère et ils y vont à fond dans l’audace la plus téméraire. Sinon dans les idées – faut quand même pas pousser -, du moins dans la gestuelle.

Ils nous font une entrée tonitruante, façon stars du hard rock. Bon, d’accord, c’est sur du Trust ! Mais finalement, c’est en phase qu’ils nous annoncent de l’engagement, il va sûrement y avoir de l’antisocial dans leur spectacle. Et ben voui, y’en a, et plein de l’antisocial : en gros, ils sont contre les Gilbert (ce qui, vu mon prénom, m’a fait les prendre en grippe dès le début), ils sont contre les femmes (ils leur préfèrent les poupées gonflables type Amanda), ils n’aiment guère les animaux, et les mouches en particulier, ils n’aiment pas les vieux (mais ceux-ci le leur rendent bien), ils abhorrent les banquiers (ce qui n’est pas très glorieux à l’heure actuelle), ils sont contre les interdits (des vrais rebelles, je vous dis), contre la défonce (les portes ouvertes…), contre les étrangers (spécialement les Maliens et les Japonais), contre les comédies musicales et enfin, contre les journalistes…

Très honnêtement, Massot et Joucla ont troussé là un spectacle qui tient vachement bien la route, ou plutôt la scène. Ils se partagent les personnages en fonction de leurs qualités spécifiques, Manu Joucla tenant plus le rôle d’un Monsieur Loyal pendant que son acolyte, remarquable mime et facétieux bruiteur, se livre à moult pitreries et métamorphoses (en mouche, en caméléon, en vieillard, en toute une galerie de vedettes de cabaret…). Ils enchaînent les numéros à toute vitesse, on n’a pas le temps de zapper, ni même, parfois, de reposer nos zygomatiques. Ils campent des situations que l’on a l’impression d’avoir déjà vécues mais qui sont si finement observées qu’elles nous font nous tordre de rire (le guichetier d’une banque et son directeur, la sortie d’une boîte de nuit, les films d’horreur…). Le duo est parfaitement huilé, hyper complémentaire ; ils le prouvent entre autres avec une parodie confondante de mimétisme de Chevallier et Laspalès.
Ils créent également des personnages qui auraient le mérite de passer à la postérité, comme le vieillard, comme Transformo, le roi du cabaret, et, surtout, comme l’irrésistible Mouleburno, danseur étoile échappé de la troupe de Béjart dont la plastique affûtée fait tomber ces dames en pâmoison, troublant aussi quelques messieurs qui laissent langoureusement échapper quelques murmures approbateurs…

Bref, Massot et Joucla s’engagent à nous faire rire, à nous détendre, à oublier nos soucis pendant une heure et demie… Mission réussie. Par moment même on rate quelques répliques parce que certaines personnes rient aux éclats. Mais ça, on ne peut pas le leur reprocher. Bien au contraire. Et comme en plus la salle est parfaitement climatisée, on n’est perturbé par aucune nuisance. Duy coup, on n’a qu’aà se laisser aller et s’amuser de bon cœur avec ces deux sympathiques hurluberlus.

jeudi 2 juillet 2009

Mission Florimont



Théâtre Tristan Bernard

64, rue du Rocher
75008 Paris
Tel : 01 45 22 08 40
Métro : Villiers / Saint-Lazare

Une pièce de Sacha Danino et Sébastien Azzopardi
Mise en scène par Sébastien Azzopardi
Avec Sébastien Castro, Julie Victor, Guillaume Bouchède, Erwan Creignou, Olivier Solivères
Décor et costumes d’Olivier Prost

Ma note : 8,5/10

L’histoire : 1534. Le roi de France, François 1er, est acculé de toutes parts. Son ultime espoir : Florimont de La Courneuve, le meilleur de ses agents secrets… enfin de ceux qui lui restent… enfin, le seul qui lui reste.Objectif : Constantinople. Pour y obtenir l’alliance de Soliman le Magnifique. Ses adversaires : des mercenaires plus terrifiants que des compagnies d’assurances, des traîtres espagnols, à la solde de Charles-Quint, qui sentent les tapas à plein nez et même une femme au bonnet M.Florimont parviendra-t-il à éviter tous ces dangers ? Réussira-t-il sa mission ? Sommes-nous toujours obligés de poser ce genre de questions dans un pitch ? Pour toute autre demande, ne quittez pas, un opérateur va vous répondre…  

Mon avis : Dès la fin de la pièce c’est une formidable salve d’applaudissements et de cris de satisfaction qui est venue cueillir de plein fouet les cinq comédiens, un vibrant témoignage de plaisir qui allait entraîner une demi-douzaine de rappels. Un véritable plébiscite, manière enthousiaste de remercier ces cinq énergumènes réjouissants qui venaient de nous faire partager un grand moment de délire. Mission accomplie, Florimont. Florimonty Python ? Il y a de ça dans ce cocktail très réussi de non sens, de burlesque, de folie, d’irrévérence, de satire.

Le ton est immédiatement donné par une troubadourette qui nous brosse avec finesse et humour (et une très jolie voix), le tableau de la situation. Quand elle s’efface apparaît le roi de France François 1er en train de poser pour un peintre italien et pour la postérité. La quiétude de cette scène est bientôt brisée par l’arrivée d’un conseiller porteur d’une sinistre nouvelle. La situation du royaume est grave. Charles-Quint, quasiment maître de l’Occident, est sur le point de mettre la France sous sa coupe. Une seule manœuvre peut encore sauver le royaume : établir une alliance avec Soliman le Magnifique, empereur d’Orient. Mais pour cela, il faut parvenir à se rendre à Constantinople, sa capitale. Or, tous les agents secrets qui s’y sont risqués y ont laissé leur vie après avoir subi d’atroces mutilations. L’ultime espoir s’appelle Florimont de La Courneuve. Et pourtant ce n’est pas une flèche, il n’est guère vaillant, plutôt couard. Ce n’est pas un chevalier de la Table Ronde. Bref, c’est l’anti héros par excellence.

Et nous voici parti pour pratiquement deux heures d’une fantaisie héroï-comique totalement débridée et désarçonnante (malgré la présence sur scène d’un cheval – blanc de surcroît)… En fonction des situations et des péripéties du périlleux voyage de Florimont, trois des comédiens interprètent une multitude personnages tous plus hauts en couleurs les uns que les autres. La mise en scène est ingénieuse, vive, sans aucun temps mort. On rit sans arrêt. Les gags se succèdent, truffés de savoureux anachronismes et de clins d’œil à l’actualité. C’est du grand n’importe quoi mais parfaitement assumé et parfaitement maîtrisé. C’est truculent à souhait, gaillard sans jamais être vulgaire, délicieusement impertinent et irrévérencieux, gentiment anticlérical… Cet avatar moyenâgeux est servi par un quintette de doux dingues qui ne reculent devant aucune facétie. Pour eux, le ridicule est un apostolat. Ils y vont à fond et ils ne sont jamais grotesques. Ils sont réellement tous épatants. Il est impossible d’énumérer les trouvailles qui fourmillent dans cette pièce absolument désopilante. Et, en plus, ils portent de fort jolis costumes ! Ce qui ajoute encore au décalage, voire à l’exotisme. Sans compter quelques effets spéciaux dignes d’une superproduction.

Mission Florimont possède tous les ingrédients – et même au-delà – d’un succès théâtral. Si, d’aventure, la canicule sévissait, cette pièce s’avère des plus rafraîchissantes. Au cas où l’été, au contraire, serait pourri, c’est le meilleur antidote à la morosité. Une revigorante transfusion de bonne humeur. Nul doute que le bouche à oreille, inévitablement élogieux, va faire de ce conte burlesque un événement incontournable de cet été et de la rentrée prochaine. A recommander pour tout public. Et quelle leçon d’histoire. Cette pièce a le mérite de mettre en lumière un de nos héros les plus méconnus. Messire Florimont mériterait un chapitre (dans chapitre, il y a le mot « pitre ») dans tous les manuels. Jeanne d’Arc est une pucelle à côté de cet intrépide sauveur de la France enfin réhabilité…