mardi 1 décembre 2009

La Sainte Victoire


Un film de François Favrat
Avec Clovis Cornillac (Xavier Alvarez), Christian Clavier (Vincent Cluzel), Sami Bouajila (Yacine Guesmila), Vimala Pons (Anaïs Cluzel), Valérie Benguigui (Michèle Dalembert), Maryline Canto (Géraldine Wood), Marianne Denicourt (Françoise Gleize), Eric Berger (Tristan de Courson), Michel Aumont (Robert Richerand)…

Ma note : 7/10

Synopsis : Xavier Alvarez est un petit architecte d’Aix-en-Provence en recherche perpétuelle de reconnaissance sociale. Il s’est fait tout seul et prospère, mais ne parvient pas à décrocher de gros marchés publics pour assouvir sa soif de grandeur.
Il décide donc de se lancer corps, âme et biens dans la campagne de Vincent Cluzel, la candidat outsider à la mairie, persuadé qu’il lui renverra l’ascenseur en cas de victoire.
A force d’énergie et de ruse, il parvient à discréditer le favori et à faire élire son protégé… Mais leur amitié sincère, nouée dans la conquête du pouvoir, se heure alors aux limites des intérêts et de l’ambition.

Mon avis : Ce film est, pour ses principaux personnages, une réponse à la question cruciale : « Qu’êtes-vous prêt à perdre pour gagner ? » ; c’est en tout cas le dilemme que le réalisateur, François Favrat, peur pose. Mais comme les enjeux, les motivations, les risques et les investissements ne sont pas les mêmes pour chacun, il s’en suit un déséquilibre notoire entre eux. Pour cette Sainte Victoire, il ne peut pas y avoir que des gagnants.
On l’aura compris toute l’intrigue repose sur la quête du pouvoir, les moyens que l’on y met pour y parvenir et, quand on l’a obtenu, tout faire pour le conserver. Nous avons là un film qui s’inscrit intelligemment dans une longue lignée de thrillers politiques à la française. On y découvre les arcanes et les coulisses de ce milieu où, derrière les nobles attitudes et les belles paroles, se cachent l’hypocrisie et les coups bas. Ce milieu est impitoyable pour qui n’est pas du sérail et ne connaît pas les règles du jeu.
C’est le cas de Xavier, le personnage de Clovis Cornillac. Il est tellement aveuglé par son ambition et sa soif de reconnaissance, qu’il en perd toute retenue, tout libre arbitre. Il est totalement sincère dans sa démarche et il y croit à fond. Xavier est un homme simple, d’extraction modeste, il manque forcément d’éducation ; mais rayon courage et bonne volonté, il est imbattable. C’est un peu le Candide de Voltaire, le brave éléphant dans le magasin de porcelaine. Inutile de dire que Cornillac excelle dans ce type de composition. Et son évolution est un régal pour le spectateur qui se prend réellement d’affection pour lui en dépit de ses airs hâbleurs.
En face de lui, on découvre un Christian Clavier inattendu, mais il est tellement le personnage avec, au départ une vraie honnêteté. Là, on ne rigole plus. Clavier est sérieux comme un pape, ou plutôt comme un député, du début à la fin. Pendant presque tout le film, on éprouve pour lui de la sympathie car on le sent plutôt authentique. Tant il part de loin, il en devient presque le témoin amusé de son ascension. Et il porte à Xavier une réelle affection. Clavier joue là un personnage qui serait totalement banal et normal s’il n’incarnait pas un homme politique. Il n’est pas vraiment retors, pas encore gâté par son environnement. On sent qu’il a ses convictions, son code des valeurs. Et puis, quand il accède au pouvoir, il lui faut apprendre à se protéger sans se mouiller trop et sans faire d’éclaboussures. Alors, il ouvre un parapluie sous lequel Cornillac le distingue difficilement. Et quand il ne comprend pas ce qui lui arrive, un Cornillac blessé dans son amour propre devient dangereux.

La psychologie des deux protagonistes principaux de La Sainte Victoire est fort bien dessinée. Ils ne sont ni l’un l’autre tout noirs ou tout blancs. Là où Cornillac joue en puissance, là où il prend toute la lumière, Clavier, lui, joue tout en retenue, en silences et en regards. C’est un rôle très intéressant pour lui qui nous confirme son aisance absolue dans tous les registres et, plus particulièrement, là où l’on n’a pas l’habitude de l’attendre. Il est bien dans ce film, vraiment très bien. A mon avis, il doit fréquenter quelque(s) homme(s) politique(s) pour en adopter aussi fidèlement le profil et le comportement. En tout cas, il a de bon(s) modèle(s).
A leurs côtés, il faut mettre en exergue la sobre présence de Sami Bouajila en homme désenchanté mais lucide qui attende toujours de la vie qu’elle lui fasse – enfin – un cadeau. Valérie Benguigui campe avec beaucoup d’enthousiasme, de conviction et de crédibilité une militante écolo. Et enfin, il y a Vimala Pons, que je n’avais entrevue que dans Enfermés dehors de Dupontel. Terriblement féminine, elle apporte énormément de luminosité à son personnage. A la fois douce, légère et volontaire, elle est un des piliers de ce film plutôt bien ficelé.

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