jeudi 11 février 2010

Thé à la menthe ou t'es citron ?


Théâtre Fontaine
10, rue Pierre Fontaine
75009 Paris
Tel : 01 48 74 74 40
Métro : Blanche

Une comédie de Danielle Navarro-Haudecoeur et Patrick Haudecoeur
Mise en scène par Patrick Haudecoeur
Avec Nathalie Cerda, Jean-Luc Porraz, Isabelle Spade, Patrick Haudecoeur, Jean-Pierre Lazzerini ou Bob Martet, Edouard Prétet, Sandra Biadalla

Ma note : 7/10

L’histoire : C’est l’histoire d’une troupe de comédiens qui répètent une pièce de boulevard où il est question d’un gentleman cambrioleur qui s’est introduit chez une aristocrate. Tout y est : le cocu, l’amant dans le placard et les quiproquos attendus. Nous sommes à quelques jours de la première et rien n’est prêt. Les techniciens restent flegmatiques, la costumière est à côté de la plaque et la metteur en scène, nébuleuse, est débordée par les événements. Chez les comédiens, l’ambiance est électrique, l’actrice principale est au bord de la crise de nerfs à cause… du jeune premier, le fils du producteur ! Maladroit, timide, naïf et gaffeur, il fait ses premiers pas sur les planches. C’est parti pour être un vaudeville miteux joué par des acteurs calamiteux.
Le soir de la première arrive, et là…

Mon avis : Cette comédie est une pièce gigogne, c’est-à-dire une pièce dans la pièce. Mais on ne le réalise pas tout de suite. Quand le rideau se lève, on se laisse bientôt envahir par l’accablement devant la médiocrité du jeu des comédiens en présence, un couple improbable formé d’une aristocrate affublée d’un horripilant accent anglais et un jeune homme fadasse, pataud et maladroit qui rate systématiquement tout ce qu’il entreprend. Ses apartés face au public sont lamentables, il bloque sur une phrase toute simple… Et lorsqu’il renverse la tasse de sa partenaire, c’est la goutte (de thé) qui va faire déborder le vase et exploser la pièce. Soudain, Une voix jaillit du fond de la salle, une femme remonte la travée du théâtre et grimpe sur la scène. C’est la metteur en scène ! Et là, on comprend tout : nous sommes les témoins (privilégiés ?) des répétitions d’une troupe de théâtre qui prépare une pièce de boulevard. Le gros problème, outre le fait qu’ils ne sont visiblement pas prêts pour la première dont la date approche à grands pas, c’est qu’ils sont tous affligeants. En plus, un technicien (Robert) ne cesse de les perturber avec ses problèmes d’éclairage, quand il ne se permet pas de donner son avis quant à la mise en scène ; et une costumière (Brigitte) à la bourre qui vient régulièrement les déranger pour prendre à la va-vite des mesures inévitablement approximatives.
La comédienne principale (Sophia) est incontestablement celle qui a le plus de métier et qui pourrait éventuellement tirer son épingle du jeu si… si elle n’était pas tout le temps désarçonnée par une succession d’incidents le plus souvent provoqués par ce partenaire (Julien) qui lui est imposé, tout simplement parce qu’il est le fils du producteur. Or, plus mauvais comédien que lui, tu meurs… de rire. Bien que débordant de bonne volonté, il enchaîne gaffe sur gaffe, maladresse sur maladresse. Il y a également le comédien qui joue le mari (Richard). Lui aussi il est gratiné ! Il se la pète grave. Il est pédant, gommeux ; de sa voix outrageusement onctueuse, il pérore, propose des gags foireux, sort des jeux de mots pitoyables… Et puis il y a la metteur en scène (Clara), dotée d’un fort accent belge. Elle n’a aucune autorité sur sa troupe, et quand il y a un problème, elle boote en touche : « C’est un petit détail, nous verrons ça plus tard ». Toujours plus tard, si bien que le soir de la première arrive…

Avec ce deuxième acte, c’est la folie pure qui prend possession de la scène. A son entrée, Julien se pétrifie : il vient de découvrir la présence du public. Il n’avait même pas pensé qu’il allait devoir jouer devant des gens ! Passé ce moment, il se lance. C’est le skieur hors piste qui provoque une avalanche. Car, dès lors, les péripéties vont s’accélérer et prendre une tournure complètement dingue. Rien ne va plus, défaites vos jeux ! Les catastrophes s’enchaînent façon cartoon. La salle hurle de rire. Les hoquets couvrent les répliques…

Si vous voulez vous distraire sans avoir à vous prendre la tête une seconde, Thé à la menthe ou t’es citron ? est le spectacle idéal. C’est potache, mais ça fonctionne. Patrick Haudecoeur est tombé dans la marmite du burlesque quand il était petit. Il possède un art consommé de la situation grotesque et du quiproquo. Avec son air ahuri, il entraîne dans son délire une poignée de joyeux drilles qui ne reculent devant rien pour faire rire…
Mais pour camper d’aussi mauvais comédiens, il faut être sacrément bon. Ils déjouent ou sur-jouent en permanence. Ils ne sont pas une seconde dans la réalité. Ils ont fait leur l’adage « le ridicule ne tue pas », alors ils y vont à fond. Pendant une heure et demie, fascinés par leurs pitreries, vous ne pourrez qu’oublier vos soucis, le mauvais temps, les problèmes de circulation qui vous ont fait arriver ric-rac rue Fontaine après vous être garé à l’arrache. Même la neige qui s’est remise à tomber pendant le spectacle ne pourra effacer ce grand sourire enfantin que vous arborez en sortant… Qu’il soit à la menthe ou citron, ce thé-là, vous pouvez vraiment le consommer sans aucune modération.

2 commentaires:

Irène a dit…

bonjour,

je lis très régulièrement votre blog et suis en général d'accord avec vous mais là... je ne vous suis plus ! On rit, certes, mais c'est d'un lourd !

A bientôt, sur votre blog que je continue de suivre, bien sûr.

Anonyme a dit…

j'ai beaucoup ri !
c'est très bon enfant et ça fait du bien !
c'est la pièce comique la plus drole que j'ai vu la saison dernière avant la monnaie de sa pièce et le clan des divorcés
bettyboop