jeudi 1 avril 2010

François Morel "Le soir, des lions..."


Textes de François Morel
Musiques de Reinhardt Wagner et Antoine Sahler
Disques Polydor/Universal

Ma note : 8/10

Voici un album qui m’a rempli de bonheur. Grand amateur de chansons à texte, fervent adorateur de Brassens, amoureux des Brel, Ferrat, Ferré, Aznavour, Nougaro, Perret, Lavilliers, Balavoine, Souchon, Renaud et de quelques autres, je suis heureux de saluer l’arrivée dans cette noble famille d’un nouveau membre : François Morel. Un soir, des lions… est un album qui fait du bien à l’âme, au cœur et aux trompes d’Eustache. Une écriture ciselée, des mélodies efficaces et des arrangements riches et variés, chez François Morel, pour paraphraser ce bon vieux Georges, « il n’y a rien à jeter ».
Tour à tour tendre et truculent, nostalgique et engagé, romantique et coquin, faussement candide et violemment dénonciateur, il y a vraiment du chien chez cet ex-Deschiens aux multiples talents.
Personnellement, sur la plus haute marche du podium, la chanson pour laquelle je ressens la plus grande adhésion, c’est Le bon Dieu entre nous. Sur la deuxième marche, je hisse Cas sociaux, et sur la troisième, Faut pas exagérer… A vous de vous faire une idée. Voici, titre par titre, ce que j’en ai ressenti :

1/ Faut pas exagérer
Chanson remarquablement écrite dans laquelle l’artiste s’amuse à nuancer son sens indéniable de l’autodérision en le pimentant d’une pincée de contentement de soi et d’autosatisfaction. Sacré exercice de style. Où est la vérité ? On s’en doute, elle est à l’opposé de la suffisance… Chanson amusante qui décrit l’évolution des sentiments. Au départ, dans l’enthousiasme flamboyant des amours débutantes on frise l’idéal dans le regard de l’autre. On est dans l’émerveillement benêt, aveugle et puéril quand, soudain, un grain de sable s’immisce dans cette belle mécanique jusque là parfaitement huilée : la jalousie. Et là l’idole aux sentiments d’argile tombe de son piédestal. C’est un véritable petit bijou sur la loi de la relativité avec utilisation fort réjouissante du name dropping (Clooney, Guitry, Wagner, Doisneau, Emile Louis ( !)…)

2/ Cas sociaux
Histoire tragicomique inspirée des chansons réalistes d’antan sur une musique guillerette et swingante. A côté de celle du héros, l’enfance de Cosette est idyllique. Jusqu’à la pirouette perfide du dernier couplet dans lequel François Morel se fait satirique et mordant en se mettant dans la peau d’un parvenu sans scrupules avec clin d’œil appuyé du côté des nantis et d’une philosophie de vie égocentrique et m’as-tu-vu qui nous prépare des lendemains qui déchantent.

3/ le bon Dieu entre nous
Après une courte introduction ambiancée liturgique d’où effleure discrètement la ritournelle de « ce n’est qu’un au revoir », le gars François traduit sur un ton léger avec voix retenue l’absence irremplaçable de ceux à qui l’on tenait et qui nous ont quittés. Le fond est lucide et grave, empreint de fatalisme. C’est tout simplement le constat d’un gros manque, l’évocation des souvenirs de moments d’échange et de partage somme toute banals mais qui jalonnent notre existence de petits plaisirs essentiels. Et ces moments-là, quand on ne les vit plus, s’exacerbent et nous font cruellement défaut… Et selon que l’on est croyant ou pas, on se poise des questions sur l’existence de Dieu… C’est sans doute la chanson la plus brassensophile de l’album.

4/ La fille du GPS
François Morel développe là un fantasme de plus en plus répandu. C’est vrai que l’on a tendance à essayer de matérialiser physiquement la dame à qui appartient la voix suave qui s’adresse à nous via le GPS. Et bien sûr, on en vient à l’idéaliser cette femme qui nous tient si gentiment compagnie… D’une voix susurrée, il joue à l’homme sous dépendance. Si bien que de l’auto à la libido il n’y a qu’un pas qu’il franchit allègrement pour terminer en apothéose dans une sorte de parodie de la version de Je t’aime moi non plus interprétée par Bourvil et Jacqueline Maillan. Et, élément qui ajoute du sel à l’histoire, la voix de la dame du GPS est celle de Yolande Moreau, au timbre si reconnaissable.

5/ L’épouvantail
Poésie pure que cette histoire d’épouvantail. Sur un très agréable arrangement jazzy, il décrit les heurs et malheurs, les inconvénients et les avantages de cet emploi ô combien indispensable. C’est qu’il n’est pas peu fier de sa mission l’empaillé.

6/ C’est pas
Chanson en forme de dialogue à bâtons rompus entre un homme et une femme, Helena Noguerra prêtant sa jolie voix mélodieuse à celle-ci. Un soupçon de mauvaise foi, un brin d’honnêteté, ce n’est finalement pas si facile que ça de déclarer son amour et son besoin de l’autre. Chanson toute en finesse, chanson en trompe-l’œil, très agréable à entendre et, pourquoi pas, à méditer quand on veut s’adresser à l’être – plus ou moins – aimé.

7/ Pas belle
Piano romantique pour accompagner le portrait mélancolique d’une jeune femme débordante de qualités, mais… mais que la nature n’a pas gâtée question beauté. Si bien que toute une accumulation de compliments ne peuvent atténuer sa souffrance intérieure. C’est touchant de justesse. Elle est terrible à vivre cette réalité face à laquelle on est malheureusement impuissante car c’est un terrible handicap à vivre pour une jeune fille. François Morel se montre en empathie par rapport à un problème que l’on n’évoque pas souvent.

8/ Eloge de la lecture
Etat des lieux après un soir de fête. Face aux multiples dégâts en tous genres, face à un appartement dévasté, souillé et salopé, il a la nausée. Il est vrai que cet inventaire apocalyptique des désastres a de quoi donner « mal à la tête »… Devant tant d’amis aussi indélicats, il se dit que la solitude a du bon. Mais ce n’est que tout au bout du bout de la chanson qu’il l’admet en privilégiant le confort moral d’ « un bon livre au lit ». Mais quand on devine l’homme plutôt sociable et enclin aux agapes entre amis, on se prend à penser que cette bonne résolution ne va pas faire long feu. En tout cas, bonjour le nettoyage !

9/ La sera, leoni
Valse lente pour rendre hommage à Marcello, patron d’une pizzeria, amateur de bel canto, et à son épouse, la plantureuse et accueillante Antonia (qui se trouve avoir la voix de Juliette)… Tableau pittoresque et haut en couleurs d’un Fellini de banlieue sud qui lui permet de faire étalage de ses connaissances dans la langue de Dante.

10/ Fatigué fatigué
Quand le souvenir de la peste brune va hanter un moribond jusque dans sa tombe, quand il est le témoin de dessous la terre des actes répugnants de jeunes néo-nazis venus profaner sa dernière demeure et celles environnantes… Comment peut-on goûter au repos éternel quand de tels agissements, ignobles et lâches, se perpétuent. Idée forte que d’utiliser ce subterfuge de se glisser dans la pensée d’un trépassé pour s’indigner et s’inquiéter de la réapparition d’une idéologie que l’on espérait elle aussi très passée.

11/ Petit homme
Chanson en forme de comptine pour faire état d’un fait divers (d’un fait d’hiver, plutôt) : le décès d’un SDF dans sa maison de carton. Façon pour lui, enfin libéré, d’être plus heureux mort que vivant. En stigmatisant au passage l’indifférence des passants – la nôtre - François Morel aborde la relation de ce drame sur un ton presque badin qui n’en rend que plus fort son propos. Mais on peut craindre toutefois que cette chanson en forme de « pirouette » il l’ait hélas écrite pour des « cacahuètes »…

12/ C’était comment déjà
Nostalgie du temps passé en forme de complainte. Apparemment tout était mieux avant : les saveurs, les odeurs, les filles, les plaisirs, les relations, le climat, les distractions… Tout, quoi. Mais finalement, et si ce n’était pas jeunesse qui était tellement mieux… avant ?

13/ La bassine
Eloge d’une bonne vieille recette campagnarde de nos grand-mères : le bain de pieds réparateur dans une bassine d’eau « pas trop chaude » saupoudrée au gros sel de cuisine. Le bonheur par les plantes, la benoîte soupe aux oignons, les yeux dans les yeux d’un œil-de-perdrix ! Simplicité dans l’extase, façon surannée de prendre son pied.

14/ C’est pourquoi qu’on vit
Réflexion pseudo philosophique qui complète et conclut quelque part « C’était comment déjà ». Questions sans réponses, tentatives d’énumérations de ce que l’on trouve de plus plaisant dans notre existence. On ne reste que dans le subjectif, dans le sensitif, dans le fugitif, dans le personnel, dans le ponctuel et, surtout, dans l’à-peu-près. Pourquoi qu’on est là, se demande le petit enfant ? Bien malin qui peut apporter des réponses à cette question. Eternel dilemme pour un parent.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour à tous,

Je partage totalement votre analyse. je viens de découvrir le talent de ce monsieur et j'en suis tout retourné. Il est le digne héritier de tous les noms prestigieux que vous avez cité. Enfin une chanson française qui aime les mots et un François Morel qui joue avec eux.
Vraiment une grande réussite.
Un album qui fait beaucoup de bien.
Un grand bravo.

Anonyme a dit…

mon chéri vient de m'offrir cet album aujourd'hui même je n'ai qu'un mot génialissime... très agréable surprise

Anonyme a dit…

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