lundi 19 septembre 2011

Didier Bénureau "Indigne"


Le Splendid
48, rue du Faubourg Saint-Martin
75010 Paris
Tel : 01 42 08 21 93
Métro : Strasbourg Saint-Denis

One-man show imaginé par Didier Bénureau
Textes de Didier Bénureau, Eric Bidaud, Dominique Champetier, Anne Gavard
Mise en scène de Dominique Champetier

Avant-propos : « J’étais énervé… C’est le spectacle d’un type énervé. Par tout : moi, l’actualité, la vie, les gens, tout ! Donc, quand on est énervé, on dit des choses qu’il ne faut pas dire. Quand on est énervé, on ne réfléchit pas. D’ailleurs, quand je réfléchis, il n’en sort jamais rien de bon. Il vaut mieux que je dise n’importe quoi ; bizarrement, c’est mieux.
Je me demande s’il n’y aurait pas en moi un petit homme colérique, plus malin que moi, plus méchant, plus grossier, plus tordu que moi, qui dirait des choses indignes et qui me forcerait à jouer ces choses indignes… Voilà. En fait, c’est ça. Moi je n’y suis pour rien. C’est pas moi, c’est lui. Ça ne peut pas être moi qui ai écrit des trucs pareils… »

Mon avis : Attention, cet homme est fou. Complètement barge. Irrémédiablement barré. Il nous entraîne dans son monde à lui, un univers peuplé de personnages lamentables, affligés de toutes sortes de vices et de turpitudes. Inutile n’énoncer toute une litanie de tares et de défauts car ils sont tous réunis dans ce spectacle réellement « indigne ». Pour ça, il porte bien son titre. Affreux, sales et méchants, les personnages que Bénureau incarne on les dirait tout droit sortis d’une BD de Reiser ou de Vuillemin. C’est dire s’il va loin. Très loin même. Il nous entraîne au-delà des limites de la bienséance ; il piétine et bafoue le politiquement correct avec une jubilation perverse. Il est fielleux, teigneux, ignoble, sadique, cynique, vicieux, et j’en passe. Ce type est carrément immonde. Et pourtant…
Pourtant, avec sa bonne bouille lunaire, son physique de moinillon jovial, il peut tout se permettre… On est effarouché, parfois révolté, on s’offusque… Et on aime ça. On a tous en nous un sale gosse qui raffole des horreurs. Et Bénureau nous en offre tout un florilège.
Bénureau ? Et si ce n'était pas lui ? On a l'impression que le Bénureau qui surgit sur la scène est un autre. On dirait le grand frère de la gamine de L'Exorciste. Cet homme-là est habité par le Malin. Sa voix change, prend des intonations inquiétantes, part dans les aigus, se fait vomissante... Et son corps aussi semble échapper à tout contrôle. Il se contorsionne, bondit, chaloupe... Ce dédoublement de la personnalité est véritablement impressionnant.

En pleine forme physique – il ouvre son show avec une chorégraphie carrément jacksonienne – il va, pendant une heure et demie, nous entraîner dans sa galerie de monstres. Le robinet à insanités est grand ouvert…
Ses trois premiers sketches sont directement inspirés par l’actualité. Il campe d’abord un ambassadeur français en Tunisie plus raciste que lui tu meurs, puis un chanteur lyrique légèrement abîmé par un séjour à Fukushima, avant d’aborder le thème de la Crise avec un mépris pour les pauvres pour lequel le qualificatif « indécent » est un doux euphémisme… Or, on ne peut toutefois s’empêcher d’y noter un fonds de vérité bien inquiétant.
Il enchaîne avec un sketch sur le fantasme particulièrement gonflé et osé. Mais, fraternité masculine oblige, aucun homme dans la salle ne pourrait se permettre de lui lancer la première pierre… Après un vibrant éloge d’une boucherie délicate et romantique, il s’amuse à brosser le portrait de l’homme et de la femme de droite et à analyser ce qui les oppose à la famille de gauche… Ensuite il campe un gamin qui s’exprime formidablement bien, qui a un avis sur le terrorisme et qui prend la défense de Julien Coupat, avant d’enchaîner avec un sordide écrivain cocaïnomane, et de terminer avec une femme de député alcoolique particulièrement croustillante et pathétique…
Entre temps, il s’est adonné à une autre de ses passions, la chanson. Il en interprète deux. Mais il est tout à fait inutile de lui réclamer son tube, Moralès, il restera sourd à vos demandes. Pour lui, la page est tournée (surtout que la majorité des gens dans la salle se trompaient en hurlant « Gonzalès » au lieu de Moralès, ce qui est une grave faute de goût)

Didier Bénureau est avant tout un sacré comédien. Dans ce spectacle entièrement nouveau, il nous impressionne par son incroyable éventail de jeu, par sa gestuelle unique, ses grimaces, ses silences, ses regards entendus. Il est vraiment unique dans ce registre. Bien sûr, il faut aimer l’humour noir, la gaudriole, l’irrévérence… Si tous les personnages de Bénureau sont délicieusement « indignes », sa performance d’acteur est, elle, parfaitement digne de respect.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Une critique qui ne sert globalement à rien.

Et les gens qui, selon vous, criaient "Gonzales" connaissent sûrement Bénureau depuis plus longtemps que vous.

Critikator a dit…

Bonjour "l'Anonyme" !

C'est votre droit de le penser, mais je connais Bénureau depuis 1988 et je l'ai toujours suivi.