jeudi 27 octobre 2011

Paul Personne "A l'Ouest"



A l’Ouest

Comme les pastilles Kiss Cool, Paul Personne est un adepte du double effet. Toujours comme la fameuse pastille, il est aussi une garantie de fraîcheur.
Il y avait les pôles Nord et Sud, il nous fait découvrir le Paul Ouest en nous offrant, à trois mois et demi d’écart, un allègre aller-retour dans ces contrées où le blues-rock est roi. Une première excursion en mai nous avait d’emblée remis d’aplomb avec cette musique vivifiante dont il est notre meilleur ambassadeur.
Paul est une tierce Personne : il joue de la guitare comme un natif du Mississippi, il possède la voix chaude et rauque idoine et – élément que l’on ne souligne pas assez – il est un excellent auteur… Paul Personne est un artiste trop rare. C'est peut-être ce qui lui donne encore plus de valeur.

La face A de A l’Ouest est une belle de mai, une belle œuvre de neuf titres dont deux sont des instrumentaux. C’est varié, éclectique, tonique, énergique et, bien sûr, bluesy. J’ai particulièrement apprécié J’ai rêvé, Dancin’ et surtout Le monde est si grand pour son gimmick à la Santana, Jerky pour le message écolo qui y est finement distillé et Bonne soirée pour son harmonica et son ambiance qui sent bon la veillée au coin du feu.

La face B nous a été livrée en septembre. Même topo, dix titres dont deux instrumentaux. Elle est encore meilleure que la première copie. Elle ouvre sur le titre sans doute le plus « variétoche » de l’album, le très mélodique M.M.I. au refrain redoutablement efficace avec ses sonorités en « aille ». C’est un véritable tube, alerte et entraînant. Et la suite est à l’encan. Longue absence, la deuxième chanson est un régal de blues mélancolique aux guitares lourdes de peine. Avec ces deux titres, le ton est donné et la suite est d’un très haut niveau. Comme son nom l’indique Le bout d’ la route avance tout le temps, nous entraîne dans un rythme échevelé que rien ne semble pouvoir arrêter ; les chevaux sont lâchés… Heureusement, on récupère avec le nostalgique et languissant La roue du temps, au texte qu’il faut prendre le temps d’écouter (superbe interprétation). Puis vient le léger Sweety, doux comme un bonbon acidulé. Le climat feutré et la voix pleine de douceur en font une imparable chanson d’amour propice à l’abandon. C’est toi qui choisis est également une chanson très forte, entêtante à souhait. Elle vaut surtout pour son texte universel, tellement évident, sur le thème du choix et du destin. Elle a, par moment, des passages qui font violemment penser au père Bashung. Magnifique ! Et que dire de l’intro de J’ai essayé ? Encore un titre parfaitement réussi qui rejoint Le bout d’ la route pour son swing et son rythme incessant. Impossible de l’écouter sans bouger les pieds et de hocher la tête. J’ai pourtant essayé, mais en vain. C’est trop chouette… Quelles guitares ! La dernière chanson, Disparue, est un archétype du blues avec son ambiance plaintive, qui suinte la souffrance provoquée par la trahison de l’autre. Où es-tu partie faire un tour ? C’est le leitmotiv le plus courant du blues. Cette longue mélopée quasiment parlée avec une voix qui sort d’un cœur écorché. C'est un constat énoncé sans rancoeur et sans haine. On le sent même prêt au pardon. Ça prend aux tripes.
Quant aux deux instrumentaux qui concluent cet album, ils sont tout simplement remarquables.
Cette face B, je vous l’assure, vaut un triple A.

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