mercredi 23 novembre 2011

Hommage à Georges Brassens

Poème-hommage à Georges Brassens contenant les titres des 136 chansons qu'il a enregistrées...


La rose, la bouteille et la poignée de main,
L’amitié, la beauté, la bonté et le vin
Pour ce bonhomme sont les symboles parfaits.
Sa musique et ses mots feront des ricochets
Dans nos cœurs comm’ dans l’eau de la claire fontaine
La mauvaise herbe pousse au pied de ce grand chêne
Accueillant, comme hier, les oiseaux de passage.
Le bougre ne craint pas ni le vent ni l’orage
Et son ombre est pareille à l’ombre des maris
Où les bêtes à deux dos sont si bien à l’abri.

Quand on a mauvaise réputation à Sète
Il suffit de passer le pont, guitare prête,
D’emprunter vite la route aux quatre chansons
Pour monter à Paris redorer son blason.
Sans ses maman, papa et Corne d’aurochs loin
Il fallut conquérir croquants et Philistins
Heureusement pour lui il y avait la Jeanne,
Germaine Tourangelle et de galantes dames
Ainsi qu’oncle Archibald et surtout ce bougnat,
Ami qui inspira Chanson pour l’Auvergnat.

Bientôt ce mécréant bâti comme un gorille
Rendit sur scène hommage à sa première fille
Aux casseuses aussi, misogynie à part
La Ballade des gens qui sont nés quelque part,
Qui de Montélimar, qui de Choisy-le-Roi,
Il fallait y penser, c’est beau, putain de toi !
Et ce mauvais sujet repenti, si modeste
Devint soit pornographe aux chansons plutôt lestes
Soit ce Moyenâgeux qui a si bien décrit,
Tel Villon, le fameux verger du Roi Louis.

La femme dans sa vie, il l’aima au pluriel :
De la brave Margot, à Pupchen et Mireille
De la fille à cent sous jusques à la marquise,
Mélanie, Colombine et Vénus callipyge
Sans l’entraîner jamais à la marche nuptiale.
Il n’y a pas d’amour heureux quand on s’installe.
Il sait trop que le temps ne fait rien à l’affaire
Que Cupidon s’en fout, fait fi de la prière.
Joue donc les Don Juan, fais-les vibrer « Nounours »
Mets à part Pénélope et embrasse les tous.

Qu’il dise sans sourire : « Je suis un voyou »
Quelle image traîtresse et lui même il avoue :
«Je m’ suis fait tout p’tit pour un coin d’ parapluie
Le temps passé à l’ombre du cœur de ma mie
Il m’a paru bien doux et au bois de mon cœur
A grandi l’amandier tel une jolie fleur »
En moutons de Panurge on fut plus d’un million
A vouloir découvrir la chasse aux papillons
Ou les sabots d’Hélène ô combien érotiques,
A rêver de Fernande au pouvoir « élastique »

Bien qu’aimant effeuiller souvent la marguerite
C’est « les copains d’abord » son idée favorite.
Quatre-vingt-quinz’ pour cent d’amitié dans son cœur
Qui ressemble à l’amour vraiment comme une sœur.
Il aime autant, et sans concurrenc’ déloyale,
La cane de Jeann’, ses chats, le petit cheval,
Que son tonton Nestor, le vieux Léon, l’ancêtre,
Les quatre bacheliers, grand-père de Bicêtre
Et le pauvre Martin, sale petit bonhomme,
Qui hantent ses chansons en aimables fantômes.

J’aime à l’imaginer au bistrot La Marine
Ironisant parfois sur une Bécassine,
Admirant les passantes alors que Marinette
La serveuse, entassait, épaves, les canettes.
Il devait écouter la ronde des jurons
D’ivrognes égarés, patriotes, ex-troufions
D’ la guerr’ 14-18, l’avant-dernier « Grand Pan »,
Buvant pour oublier les funéraill’ d’antan.
Quand les pensées des morts se diluent dans le vin,
Mourir pour des idées comme ça semble vain !

Comme il faut d’indulgence et de chaleur au cœur
Pour écrire Les Stances à un cambrioleur,
L’élégie à un rat de cave ou La tondue,
Et Celui qui a mal tourné, bien entendu.
N’oublions pas La complainte des fill’ de joie
Ça, putain non, sauf le respect que je vous dois.
Bien qu’étant mécréant, on peut aimer en homme
La pas très religieusLégende de la nonne
Et vouloir célébrer la messe du pendu
Sans se soucier si le bon Dieu l’avait voulu.

Dans l’œuvre de Brassens, il n’y a rien à jeter.
Sonnez, sonnez, trompettes de la renommée
Son testament sera, défi au temps qui passe,
Art parmi les quat’z’arts, dans les livres de classe
Et La ballade des dames du temps jadis
Ou le Gastibelza, que l’on croirait ses fils,
C’est auprès de mon arbre un bouquet de lilas,
C’est l’anneau de Saturne à l’éternel éclat.
Il a, tout en faisant le père Hugo cocu,
- Le bel assassinat – mis la musique en plus.

Quatre-vingt-un : l’automne en affreux fossoyeur
Dépêche la camarde à ce pauvre pêcheur.
Le mot « fin » au dernier bulletin de santé,
S’il ne crée la tempête dans un bénitier,
Fait pleurer les deux oncles et la femme d’Hector,
Une foule d’amis, d’inconnus de tout bord.
Et on a vu les amoureux des bancs publics,
Cessant de s’embrasser, fredonner La supplique
Oui, pour être enterré à la plage de Sète ;
Merveilleux testament, pied de nez de poète.

Parfois la mort d’un seul nous semble une hécatombe.
Mais ce trompe-la-mort ne gît pas dans sa tombe :
La faucheuse s’est vue dedans son sarcophage
Recevoir une non-demande en mariage.
Car le petit joueur de flûteau d’un ton doux
Lui a dit : « C’est sûr, j’ai rendez-vous avec vous ;
C’est mes amours d’antan que je visite au ciel
Et malgré vos yeux doux je rejoindrai ma belle.
Point de lèche-cocu, d’histoire de faussaire,
Ou gare à la fessée, suaire ou pas suaire.
la
On ne f'ra pas la ballade des cimetières
Il n’aurait pas aimé, trop modeste, trop fier,
Qu’on lui fît les obsèques d’un roi, d’une reine
Mais d’aussi simples que l’enterr’ment de Verlaine,
Et qu’un bon mois après le vingte-deux septembre,
Il retrouve là-haut, si chers à son cœur tendre,
Et le père Noël et la petite fille,
Que le nombril des anges ait l’aspect du nombril
Des femmes d’agent, et qu’il ait aux cieux la cote
Tout comme dans la princesse et le croque-notes

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Amoureux du verbe et de l'auteur, cela se sent et ce serait un sacré défi de tenter de faire mieux. Alors pourquoi ne pas tenter le même exercice de style avec un autre auteur à l'oeuvre tout aussi riche ? Chiche! Marie Ange