vendredi 13 avril 2012

Pouic-Pouic


Bouffes Parisiens
4, rue Monsigny
75002 Paris
Tel : 01 42 96 92 42
Métro : Quatre Septembre / Pyramides

Une pièce de Jacques Vilfrid
Avec la collaboration de Jean Girault
Adaptée par Lionnel Astier et Stéphane Pouplard
Mise en scène par Lionnel Astier
Décor de Sophie Jacob
Costumes de Sandra Gutierrez et Marc Clément
Avec Valérie Mairesse (Jacqueline Monestier), Lionnel Astier (Léonard Monestier), Eric Berger (Antoine), Rachel Arditi ou Julie Jacovella (Patricia), David Saada (Simon), Bénédicte Dessombz (Palma), Alexandre Jazédé (Paul)

L’histoire
: Léonard Monestier, homme d’affaires avisé, cherche à se débarrasser d’une concession pétrolière sans valeur que son épouse, Jacqueline, a achetée à un escroc. Il jette alors son dévolu sur Antoine Brévin, un milliardaire courtisant sa fille Patricia, qui pourrait être le parfait pigeon…

Mon avis : Et bien je suis sorti plutôt circonspect des Bouffes Parisiens avec, à l’esprit, plus de négatif que de positif.

Abordons déjà ce qui m’a plu… J’ai vraiment apprécié le jeu offert par Lionnel Astier et Valérie Mairesse. Elle, elle est épatante en gentille nunuche, qui ne sait pas quoi faire pour plaire à son mari et à sa famille. Foncièrement bonne, elle est en permanence à côté de la plaque et chacune de ses apparitions est un savoureux moment. Valérie Mairessse hérite là d’un rôle en or et elle fait preuve d’une belle fantaisie mâtinée d’autodérision… Lui, il a su habilement éviter le piège de faire du de Funès. Il est certes dans le survoltage et l’énergie mais sans le côté cartoonesque du grand Louis. Il campe un homme d’affaires à qui j’ai trouvé une certaine ressemblance physique avec… Bernard Tapie. C’est un homme sans scrupules (je ne parle plus de Tapie), dénué de sentiments y compris familiaux, c’est un manipulateur qui n’est motivé que par une chose : ne pas perdre d’argent ; même s’il faut, pour cela, imposer un mariage de raison à sa fille, escroquer son soupirant, mépriser son fils, narguer son épouse, et rendre chèvre ce pauvre Simon. Dans ce registre, Lionnel Astier est parfait.
Je n’ai pas détesté non plus la prestation de Rachel Arditi dans le rôle de Patricia, la fille de la maison. C’est une sorte de pimbêche acariâtre et vindicative qui affiche tout au long de la pièce un sacré caractère. Et j’ai trouvé plus qu’honnête le jeu de David Saada qui n’a pas hérité du rôle le plus facile avec le personnage de Simon, un garçon qui n’a rien demandé et qui se retrouve soudain le jouet plus ou moins volontaire d’un maelstrom financier et familial. Il s’en sort bien sans en rajouter… Enfin, si je fais abstraction de la façon ridicule de marcher qu’on lui a demandée, j’ai également souri avec le personnage de Charlotte, la domestique qui fait quasiment partie de la famille.

Mes principaux griefs vont donc à l’encontre des trois derniers protagonistes de ce vaudeville qui, à mon avis, sont les victimes directes d’un parti pris de mise en scène maladroit. On a fait d’Antoine, de Paul et de Palma trois personnages véritablement grotesques. Ce qui leur enlève beaucoup de crédibilité… Pourtant, Eric Berger (le comédien révélé au cinéma dans le rôle de Tanguy) a le profil idéal pour camper ce fils de famille, godelureau suffisant et amoureux transi. Pourquoi lui a-t-on demandé d’adopter cette gestuelle grotesque faite de poses théâtrales, d’entrechats saugrenus et de petits ricanements forcés. Il n’y avait vraiment pas besoin de ces scories superfétatoires. Avec sa seule dégaine d’échalas dégingandé, il était parfait. Il n’y avait pas besoin de charger autant son jeu. Il en perd tout réalisme… Paul, le fils, n’est pas très gâté non plus par la direction d’acteurs. On lui fait jouer un mec un peu con-con qui frôle le pathétique… Et puis il y a le personnage de Palma, celle qui est censée apporter une note d’exotisme à la pièce. Alors elle, elle en fait des tonnes avec un insupportable accent pseudo hispanique et des poses aguicheuses dont on se lasse très vite.

Résumons-nous. Au niveau des mauvais points, j’ai trouvé à cette pièce des accents vieillots et désuets, des rebondissements aussi fumeux que redondants, et une mise en scène qui oscille entre plusieurs genres ce qui la rend si inégale, surtout avec cette touche de burlesque qui amène un sur-jeu. Il faut donc faire quelques concessions !
Au niveau des bons points, les meilleurs dialogues (il y a effectivement d’excellentes saillies et de jolies formules) sont dans les bouches de Valérie Mairesse et de Lionnel Astier (j’ai aimé cette réflexion que Léonard adresse à Simon : « Qu’est-ce qui vous a pris de dire que vous étiez noir ? »). Le rythme est suffisamment soutenu pour qu’on ne s’ennuie jamais.
Enfin, mention spéciale au gallinacée qui justifie le titre de la pièce. Il est absolument magnifique. C’est indéniablement lui qui porte le plus beau costume.

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