mardi 22 mai 2012

Guy Bedos "Rideau !"


En tournée

Guy Bedos a baissé le rideau au théâtre du Rond-Point le 20 mai. Mais il va reprendre sa tournée à travers la France… Cet homme a tant fait pour l’humour hexagonal qu’on ne peut que courir le voir dans ce qu’il annonce comme son dernier spectacle. Il est physiquement tellement en forme qu’on en vient à estimer qu’il est encore un peu tôt pour faire ses adieux. Enfin, on verra bien, la suite lui appartient, lui qui ne veut surtout pas « faire le match de trop ».

J’ai retrouvé un Guy Bedos tel qu’en lui-même, sans surprise ; mais avec, toutefois, quelques petits moments où il laisse percer sa tendresse. Parce que c’est un grand tendre le Guy. Il s’efforce d’essayer de le cacher depuis un demi-siècle, mais personne n’est dupe. Il suffit entre autre de lire ses livres ou de l’écouter parler de son épouse et de ses enfants... Donc, pour ce qu’il prétend être son dernier tour de piste, il se dévoile un peu. Mais pas trop, rassurez-vous. Cet homme très élégant aux cheveux blancs, qui arpente la scène (c’est la fameuse cadence de saint-Guy), est toujours aussi bougon, sarcastique, énervé, vindicatif, indigné, engagé voire enragé.
Maintenant, je me dois d’être sincère et objectif. Si vous ne l’avez jamais vu sur scène, n’hésitez pas, précipitez vous. Dans le genre stand-up (un mot qu’il ne doit guère aimer) il n’a rien à apprendre de qui que ce soit, il maîtrise son sujet sur le bout des griffes. En revanche si vous l’avez vu, comme c’est mon cas, dans la plupart de ses spectacles, vous risquez de rester sur votre faim car le plat qu’il nous sert sent un peu le réchauffé. Je mesure bien mes mots, Bedos c’est Bedos, c’est toujours du haut niveau. Ça l’est encore cette fois, mais on a une impression de déjà vu et de déjà entendu.

Pour paraphraser Jacques Audiard, je qualifierai ce spectacle « de rouille et de (Be)dos ». Quasiment tous les thèmes qu’il aborde ont déjà été traités dans les spectacles précédents, que ce soit ses relations avec sa mère, les circonvolutions d’une famille complexe (d’Œdipe), la psychanalyse. Même sa revue de presse, le moment sans doute le plus attendu, exhalait une certaine tiédeur, emberlificoté qu’il était avec l’élection de François Hollande. C’était plus fort que lui, il fallait qu’il en revienne à Sarkozy. Humainement, ça se comprend. Sarko, c’était du nanan pour les humoristes. La revue de presse tient donc plus du carnet de notes de fin d’études, du bilan, que de l’analyse ou de la prospective de la nouvelle politique qui nous attend. L’exercice est délicat, je l’admets. Bedos joue les Grouchy qui arrivent après la bataille. La défaite de Sarko, c’est Waterloo morne peine quand l’avènement de François II, c’est le soleil d’Austerlitz… Ses fameuses fiches à la main, il passe en revue du talc au talc quelques membres du nouveau gouvernement, mais irrépressiblement, il en revient toujours au battu du 6 mai. C’est son chewing-gum du capitaine Haddock ; difficile de s’en débarrasser (« au moins, le nain, il me fournissait du matos… »)


S’il lui arrive de tomber parfois dans la facilité, il y a toujours par ci par là ses savoureuses fulgurances, son sens aigu de la formule et son goût pour les aphorismes. Est-il besoin de nous resservir l’excellent sketch des « Toutes des salopes » ? Surtout que ce tube, il nous le récite en sur-multipliée, ce qui en enlève un tantinet le sel. Où il excelle, par contre, c’est lorsqu’il joue au misanthrope xénophobe. Un grand numéro distillé avec un improbable accent du Midi qui donne à réfléchir sur l’adage sartrien « L’enfer, c’est les autres »…
En tout cas, il est patent qu’il a beaucoup de plaisir à être là ; même s’il lui arrive d’user et d’abuser de l’auto congratulation (« Je ne m’ennuie pas avec moi ! »). En revanche, de mémoire, je crois que c’est la première fois qu’il prend le temps, au tout début du spectacle, de remercier le public, « son » public qui lui a permis d’être toujours là après cinquante de bons et loyaux sévices.
Voilà ce que j’ai à dire de Rideau !. Si le fond est, cette fois, conventionnel, du moins pour qui le connaît bien, la forme reste toujours un régal avec son art consommé de la scène et son immuable air de grand enfant qui s’amuse. Adulte dans ses engagements, mais enfant dans ses amusements…

dimanche 6 mai 2012

Stone & Charden "Made in France"


Je voulais déjà chroniquer ce CD dès que je l’ai écouté tant je l’ai apprécié. J’ai un peu tardé et, hélas, la sinistre Camarde m’a pris de vitesse en emportant Eric Charden le 29 avril. Si bien que j’ai attendu un peu avant de dire tout le bien que je pense de cet album de reprises que Stone et Charden nous ont concocté.
Histoire de sceller les quarante ans d’existence de leur tandem artistique, Ils se sont en effet amusés (leur joie et leur plaisir de chanter sont évidents à l’écoute) à enregistrer neuf des duos qui ont marqué la chanson française. C’est un réel bonheur que de les retrouver tels qu’ils ont toujours été. C'est-à-dire, le timbre mélodieux, un brin nonchalant et nimbé d’humour d’Eric, associé à la voix pas toujours juste (mais c’est ce qui en fait le charme et la personnalité) mais pleine de sourire de Stone.

Ils se sont ainsi approprié quelques monuments.
Le CD commence par une reprise de J’ai un problème immortalisé par Johnny et Sylvie. La réflexion qu’Eric nous livre sur le livret prend son pesant d’émotion car à « J’ai un problème », il répond : « Moi aussi, mais c’est presque fini », faisant ainsi allusion à son cancer dont il espérait être enfin débarrassé… Ils font de ce titre, dont ils ont gommé toute gravité, une surprenante valse légère et bien enlevée, très agréable à entendre.
Ensuite, ils s’attaquent à Paroles paroles, dialogue qu’avaient échangé Dalida et Alain Delon. Stone, comédienne dans l’âme, y démontre qu’elle parle mieux qu’elle ne chante (je répète que cette remarque est dénuée de toute méchanceté, car sa fausseté, véritablement attachante, est son empreinte vocale). Quant à Eric, il se balade façon crooner sur la sobre et superbe rythmique d’un air jazzy-doux.
En troisième position apparaît Désir désir, duo offert par Voulzy à Véronique Jannot sur des mots d’Alain Souchon. Leurs voix se marient harmonieusement, se mélangent, s’entrecroisent sur un arrangement soft sans fioritures dominé par une caisse claire toute simple.

La suivante, Chanson sur une drôle de vie, est un clin d’œil affectueux de Stone à sa copine Véro (LA Sanson). La voix d’Annie se fait fragile, émouvante pendant que celle d’Eric se veut rassurante. C’est imparable et ça balance grave ! C’est un des plus beaux titres de l’album.
Puis, c’est au tour d’Eric de se faire plaisir en se glissant dans la peau de Gainsbourg en interprétant Dieu est un fumeur de havanes. Il le fait d’une manière plus chantée, moins en retrait que le Serge et ça lui va bien. Quant à Stone, elle partage les bouffées de clope et les « volutes bleues » avec un peu plus d’implication joueuse que ne l’avait fait Catherine Deneuve qui, il faut le reconnaître, est une piètre chanteuse.
Place ensuite à cette merveille de chanson qu’est la « renaldienne » Manhattan Kaboul. J’ai adoré l’original de Renaud et Axelle Red. La vraie vedette, ici, c’est la chanson, son climat et ce qu’elle exprime et décrit. Eric et Stone lui apportent leur patte et s’en sortent très, très bien. Meilleur chanteur que Renaud, Eric se permet même un petit passage en voix de tête très réussi.

Dans Joue pas, de François Feldman et Joniece Jamison, Stone et Charden supportent sans problème la comparaison. Comme Eric est quelqu’un qui adore contredire, il s’amuse comme un petit fou à jouer avec les intonations sur le leitmotiv « Joue pas ». De toute, façon, pour avoir eu le plaisir de le rencontrer et de l’interviewer à plusieurs reprises, il ne prenait pas la vie au sérieux. Il l’abordait avec une certaine distanciation et un feint détachement.
Ils ajoutent à leur florilège les kitchissimes Gondoles à Venise de Sheila et Ringo. Là, l’arrangement, complètement rock’n’roll (batterie et guitares intempestives) surprend une fois encore. On dirait qu’ils ont équipé le fameux esquif vénitien avec un moteur de hors-bord, comme s’ils étaient pressés d’arriver à bon port pour aller « au cinéma ». C’est une vision tout à fait originale de muscler cette chanson pour le moins mièvre.
Enfin, ils terminent avec Là-bas, une mélancolique mélopée signée Jean-Jacques Goldman, un petit bijou de douceur offert à la regrettée Sirima. Eric et Annie la chantent dans le souffle. Il se dégage de ce titre une infinie tendresse. C’est très, très, très émouvant.

Outre ces neuf duos, Annie et Eric, reprennent trois de leurs tubes, en les réorchestrant efficacement : Le seul bébé qui ne pleure pas, L’Aventura et Made in Normandie.
Ils concluent cet album avec une chanson inédite écrite et composée par Eric, Stone & Charden. C’est une forme de curriculum vitae, un résumé de leur couple, plein d’humour et d’autodérision. Ils l’ont habillée d’une sorte de bourrée sur laquelle ils scandent « Stone un peu blond, Charden un peu blême ». C’est bien de finir comme ça. Les chansons, elles, sont heureusement immortelles. Et on a tous en nous dans le cœur un peu de Stone et Charden…

PS : J’avais passé toute une après-midi chez Eric Charden en septembre 1993. Assis dans son fauteuil, il m’avait fait découvrir en s’accompagnant joué à la guitare une dizaine de chansons inédites. J’avais passé un super moment… Un peu plus tard, il m’a fait partager une de ses marottes : il peignait la carapace de tortues vivantes et il les offrait ensuite aux gens qu’il aimait. C’était aussi ça Eric Charden, un excellent compositeur et authentique poète. Il était souvent dans une autre galaxie…

samedi 5 mai 2012

Meilleurs voeux

Théâtre Tristan Bernard
64, rue du Rocher
75008 Paris
Tel : 01 45 22 08 40
Métro : Villiers

Une pièce de Carole Greep
Mise en scène par David Talbot
Décor d’Agnès Marin
Musique d’Emmanuel Donzella
Avec Juliette Galoisy (Sandrine), Eric Guého (Antoine)

L’histoire : Qu’un homme choisisse le 31 décembre pour inviter une femme chez lui, cela n’a rein d’extraordinaire…
Ça l’est davantage lorsque cette femme ne le connaît pas et que les révélations qu’il compte lui faire vont bouleverser sa vie…
La rencontre de ces deux personnages fantasques fera l’effet d’une bouteille de champagne trop longtemps secouée.

Mon avis : L’intrigue – car c’en est une – repose sur une idée de départ vraiment originale. Dès le départ nous nageons en plein mystère. Quelles sont les raisons qui amènent ce sinistre Antoine à attirer Sandrine chez lui à quelques minutes de son suicide annoncé ? L’auteur va nous laisser mariner un bon moment. On a beau se creuser les méninges, on ne saisit pas les motifs de ce rendez-vous imposé. Et c’est tant mieux. Car c’est justement parce que la scène d’exposition est totalement énigmatique que l’on est d’autant plus attentif au jeu des deux protagonistes. Qui sont-ils ? Qu’est Sandrine par rapport à Antoine ?

Plantons d’abord le décor. Nous sommes indéniablement dans l’appartement d’un vieux garçon aux ressources modestes. Nous sommes en 2012, mais lui il est meublé façon années 50. Il vit encore dans le formica et son téléphone est une vieux machin en bakélite avec cadran à trous. Ce décorum nous aide bien sûr à cerner sa personnalité. Antoine est un loser. Il est complètement désabusé. Ça fait 35 ans que sa vie est d’un ennui mortel, si mortel d’ailleurs qu’il a décidé d’en finir en cette nuit du 31 décembre… Mais auparavant, il veut avoir un entretien avec Sandrine sur la messagerie de laquelle il a laissé une sorte d’ultimatum tout en lui déclarant son amour… On ne peut pas être plus sibyllin… Mettez-vous à la place de Sandrine lorsqu’elle prend connaissance de cet appel. Comme c’est une fille qui a du cœur, et bien elle va se rendre chez Antoine pour essayer de le convaincre de renoncer à son funeste projet…

Sandrine versus Antoine, c’est la confrontation de deux personnalités aux antipodes l’une de l’autre. Autant ce dernier est morose et désenchanté, autant elle est vivante, extravertie et un tantinet écervelée. Le choc ne peut donc qu’être frontal. A part qu’il y en a un qui SAIT et l’autre qui ne sait pas pourquoi et comment cet inconnu la connaît aussi bien… Ce ne sera qu’au moment de la révélation du secret d’Antoine que le rideau va se déchirer pour transformer la rencontre en duel.

Pour camper Sandrine et Antoine, nous avons affaire à deux excellents comédiens. Eric Guého, tout vêtu de noir, est sombre à souhait. Son jeu est très retenu, posé. Ses gestes sont empreints de cette sorte de mécanisme machinal qu’adoptent ceux qui ont abandonné. Il se dégage de lui une profonde mélancolie qu’aggrave en sus le poids de son secret… Juliette Galoisy, c’est tout son contraire. Elle est pétillante, volubile, spontanée donc gaffeuse ; son visage est extrêmement mobile et expressif. Chez elle, la grimace est une seconde nature. On sait tout de suite ce qu’elle pense et les gestes viennent aisément en appui. C’est surtout une vraie nature, formidablement comique. Elle n’a aucune barrière, elle y va à fond. Elle a tout pour être une victime, mais elle a tant de vitalité qu’elle outrepasse cette fatalité en croquant la vie. Evidemment, au vu de sa personnalité, c’est elle qui a hérité des dialogues les plus réjouissants. Plus Antoine est passif plus elle est animée.

Rien que pour cette opposition entre deux caractères, la pièce vaut le déplacement. C’est une comédie gentillette, qui repose sur un prétexte pas idiot du tout. Mais qui aurait peut-être le mérite d’être un peu plus resserrée car, au milieu, il y a une séquence qui m’a paru un peu longuette parce ce que trop bavarde. C’est un moment où, malgré la montée dans les décibels de Sandrine, ça se met à ronronner… D’ailleurs trop de cris tue la colère… Et puis, passé ce coup de mou, la pièce reprend son rythme et sa justesse, particulièrement avec un judicieux changement de décor à vue qui nous offre un nouvel angle de vision. Personnellement, je me serais passé de la chanson. Elle arrive comme un cheveu sur la soupe, elle brise le réalisme du propos, elle fait tomber la tension. Bien sûr, on comprend ensuite le pourquoi de cette virgule musicale, mais je n’ai pas aimé.

Ces quelques objections mises à part, j’ai néanmoins passé une agréable soirée grâce surtout au jeu de ces deux acteurs épatants. Avec mention spéciale pour la prestation pleine de drôlerie de Juliette Galoisy.

vendredi 4 mai 2012

Herbert Léonard "Déclarations d'amour"

On savait qu’Herbert Léonard possédait une belle voix, une sacrée voix même, chaude et puissante à la fois. Cela faisait sept ans qu’il n’avait pas sorti d’album. Mais il avait continué à faire de la scène, en particulier en rejoignant en 2010 la tournée Age tendre et Têtes de bois pour la saison 5.
Herbert vient de sortir un nouvel album, un double CD, qu’il a baptisé « Déclarations d’amour ». Deux CD pour deux sortes de déclarations :

Dans le premier, il a rassemblé les chansons « des autres » auxquelles il tenait tout particulièrement. Ce sont donc des chansons qu’il interprète avec le cœur. Et ça s’entend ! Grâce à des arrangements vraiment fouillés et, surtout, à travers son interprétation pleine de sensibilité, Herbert se les est appropriées. Il les a faites siennes. Il leur apporte une autre dimension. Il les chante « pour le plaisir ». Le sien et le nôtre.
Et pourtant, dans ces quatorze « Déclarations d’amour », il s’est attaqué parfois à du gros, à du lourd… Ne me quitte pas, quand même, il faut oser. Mais ça lui va bien ; il a su trouver le ton juste… Et tous les autres titres sont parfaitement repris. La dame de Haute-Savoie de Cabrel, Et si tu n’existais pas de Dassin, Elle a les yeux révolver de Lavoine, Pauvres diables d’Iglesias, Tu me fais planer de Delpech, Il est mort de soleil de Nicoletta, A toutes les filles de Gray et Barbelivien… Toutes font partie du patrimoine de la belle et bonne chanson française ; mélodies imparables et textes intelligents. Comme de jolies filles, Herbert Léonard les respecte et les chérit tout en les bousculant un peu, histoire de les sortir de cet écrin où leurs interprètes originaux les avaient déposées et où elles étaient restées figées. Tel un nouveau soupirant, il leur a donné vie, et l’envie d’être aimées de nouveau.
La seule chanson originale de ce premier CD, Big « O »,  est une déclaration d’amour posthume, un vibrant hommage à un chanteur qu’il a profondément admiré, une des légendes de la soul music et du rhythm’n’blues, Otis Redding.
Et puis il s’est encore fait plaisir en partageant son micro. L’amour, c’est quand même bien à deux. Il s’est ainsi vocalement accouplé avec trois « complices » qu’il « estime beaucoup » : Cristina Marocco pour Et si tu n’existais pas, Christian Delagrange pour A toutes les filles (à séducteur, séducteur et demi), et Un homme fragile avec Gérard Rinaldi. Cette chanson prend un autre sens et s’écoute d’une autre oreille depuis la méchante disparition de l’ancien Charlot à la voix de velours. Ça aura été sa ritournelle d’adieu.

Quant au second CD, c’est tout simplement un Best of… Quatorze chansons encore, quatorze chansons d’amour, quatorze tubes… A une époque, j’avais surnommé Herbert Léonard « le chanteur près du corps ». Il n’a en effet pas son pareil pour faire transpirer ses sérénades d’une sensualité frémissante. Ce « Grand sentimental », c’est l’homme qui parle à l’oreille des femmes, qui leur susurre des mots tendres et qui les invite à l’amour Sur des musiques érotiques. Des chansons comme celles-là, Ça donne envie d’aimer

Pour être sincère, j’aime ce double album. C’est une très élégante façon de saluer la qualité de nos chansons de variétés. Alors, à votre tour, faites-vous plaisir, et laissez-vous rêver…

Déclarations d’amour (Wagram Music)