mercredi 14 novembre 2012

1789, les Amants de la Bastille


Palais des sports
1, place de la Porte de Versailles
75015 Paris
Tel : 01 48 28 40 10
Métro : Porte de Versailles

Livret de Dove Attia et François Chouquet
Mise en scène et chorégraphies de Giulano Peparini
Musiques composées par Dove Attia, Rod Janois, Jean-Pierre Pilot, William Rousseau, Olivier Schultheis
Paroles de Dove Attia et Vincent Baguian
Décors de Bernard Arnould
Costumes de Frédéric Olivier
Lumières de Xavier Lauwers
Images de Patrick Neys
Avec Louis Delort (Ronan), Camille Lou (Olympe), Rod Janois (Camille Desmoulins), Roxane Le Texier (Marie-Antoinette), Sébastien Agius (Robespierre), Nathalia (Solène)Matthieu Carnot (Lazare), David Ban (Danton), Yamin Dib (Auguste Ramard), Guillaume Delvingt (Necker), Philippe Escande (Louis XVI)…


L’histoire : France, printemps 1789. La famine et le chômage dévastent les campagnes et les villes. La révolte gronde tandis qu’à Versailles la cour de Louis XVI, insolente et frivole, continue de dépenser sans compter l’argent de l’Etat.
Issus de ces deux mondes qui se redoutent et s’affrontent, Olympe et Ronan n’auraient jamais dû se rencontrer. Lui, jeune paysan révolté par les injustices qui l’ont privé de sa terre, monte à Paris pour conquérir la liberté. Elle, fille de petite noblesse, gouvernante des enfants royaux à Versailles, se dévoue corps et âme au service de sa souveraine, la reine Marie-Antoinette. Et pourtant…
Ils vont s’aimer passionnément, se perdre, et se retrouver. Accompagnant les plus hauts personnages de leur temps tels Danton le magnifique, Camille Desmoulins, le fougueux journaliste, ou Jacques Necker, l’austère ministre du Roi, ils connaîtront les soubresauts de la Grande Histoire.

Mon avis : Voici donc le quatrième opus produit par Dove Attia et Albert Cohen. Après Les 10 Commandements, Le Roi Soleil et Mozart l’opéra Rock, ils continuent de remonter le temps avec 1789, les Amants de la Bastille.
Forts de leurs précédentes expériences, ils ont acquis dans le domaine du spectacle musical un savoir-faire indéniable. Ils n’ont d’ailleurs connu que des succès toujours plus grands.
Pour 1789, ils ont de nouveau réuni les ingrédients qui ont légitimé leur réussite : de somptueux décors, de superbes costumes, une scénographie onirique, des chansons portées par des voix parfaites, des chorégraphies originales… tout cela au service d’une histoire.

Ce qui m’a le plus frappé et séduit, c’est la formidable esthétique du spectacle. On en prend vraiment plein les mirettes. En fait, il y a peu de décors en dur. L’ingéniosité du scénographe a été de projeter des images sur d’immenses panneaux coulissants. L’effet est remarquable. On sait tout de suite où on se trouve. La toute première image, à l’ouverture du rideau, donne le ton. On se croirait dans un film en 3D. Et la suite ne fait que confirmer ce parti-pris d’esthétique. On a droit à une succession de tableaux tous plus beaux les uns que les autres. J’ai particulièrement celui du Palais-Royal, la chorégraphie des filles de joie, celui du Journal, celui de la geôle avec acrobaties façon yamakasi, le cauchemar d’Olympe, ainsi que certains effets spéciaux comme l’incendie… Dans ce domaine, on est vraiment gâté.

En revanche, par rapport aux précédents spectacles et plus particulièrement les très réussis Roi Soleil et Mozart, la part de fiction y étant plus importante, j’ai trouvé l’intrigue plus décousue. J’admets que traiter les six mois les plus décisifs de la Révolution Française en deux heures tenait de la gageure. Connaissant la grande méticulosité en matière de véracité historique du librettiste François Chouquet, il a dû souffrir de ne pas pouvoir développer cet aspect au détriment du récit romanesque. Si bien qu’on n’a droit qu’à quelques fulgurances disposées ça et là au petit bonheur, ce qui produit une sorte de déséquilibre dans la narration. On voit passer les principaux protagonistes de la Révolution ; les Danton, Robespierre, Desmoulins… sans trop les approfondir.

Toujours par comparaison aux deux exercices précédents, j’ai trouvé que 1789 manquait de tubes. Certes la musique est bonne mais, hormis Ça ira mon amour, il y a peu de chansons qui émergent et que la foule peut immédiatement s’approprier. Dans Le Roi Soleil et Mozart, il y a eu une demi-douzaine de vrais succès. Là, ça manque un peu de folie et de bons gros titres qui ponctuent le spectacle de ces rendez-vous avec les jeunes filles qui les reprennent en communion avec leurs interprètes.
Ensuite, autant j’avais adoré la prestation de Yamin Dib dans Mozart où il avait apporté une indispensable et rafraîchissante note de comédie pure, autant j’ai trouvé qu’il en faisait beaucoup trop cette fois. Yamin est un comédien hors pair, il n’a pas besoin de forcer autant le trait. Dans la première partie, j’ai eu l’impression de voir un clone agité et vociférant de Louis de Funès. Heureusement, il se ressaisit dans le début de la seconde partie. Je comprends qu’on veuille apporter un peu de légèreté dans une histoire dramatique, c’est nécessaire, et le public adore Yamin. Mais il faut savoir éviter la caricature et tomber dans le sur-jeu… En revanche, j’ai trouvé extrêmement jubilatoire la prestation de ses deux sbires, joués par Michaël Feigenbaum et l’époustouflant Olivier Mathieu
Sur le plan vocal, il n’y a rien à dire. Comme d’habitude, tous les artistes sont parfaits. J’ai plus particulièrement apprécié les timbres de Nathalia (Solène) et surtout celui de Rod Janois (Camille Desmoulins). Ils font vraiment l’unanimité auprès du public… Quant aux chorégraphies, je les ai trouvées absolument superbes, homogènes, toniques, inventives, tout à fait adaptées à l’histoire. Du très beau travail.

Bref, si les yeux sont plus comblés que les oreilles1789, les Amants de la Bastille reste un grand et beau spectacle. Il y a encore une fois de la magie et surtout, je tiens à le rappeler, une profusion de tableaux absolument magnifiques.

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