samedi 14 juin 2014

Le Point Virgule fait l'Olympia et Bobino

Le Point Virgule a fait l’Olympia et Bobino


Les 12, 13 et 14 juin, a eu lieu la septième édition de ce rendez-vous désormais incontournable pour les amateurs d’humour, de bon humour. De même qu’il existe un Printemps de la Chanson, cette manifestation pourrait être sous-titré « le Printemps de l’Humour ».
Dix jeunes artistes passés par ce creuset de talents que sont le Point Virgule et, plus récemment, le Grand Point Virgule, sont venus présenter un sketch dans ces salles prestigieuses que sont l’Olympia et Bobino. Le fait d’avoir été sélectionné pour faire partie de ce programme est un signe fort de reconnaissance.


Hier soir, je me trouvais donc à Bobino et je peux affirmer que, décidément, l’humour se porte vraiment bien en France. Les humoristes à l’affiche proposaient une palette de jeu très variée et, surtout, d’un excellent niveau, tant dans l’expression que dans l’écriture.
Intronisé maître de cérémonie, Ben, a fait une fois de plus étalage de son insolente maîtrise de l’absurde. Très élégant dans son smoking, il nous a encore sorti des phrases alambiquées et des digressions saugrenues qui n’appartiennent qu’à lui (j’ai adoré son détournement : « Pas de break, pas de chocolek !...). Son échange autour de l’histoire de Bobino avec Christine Berrou était absolument désopilant. Ben a pris une belle envergure dans le panorama de l’humour français. Je pense qu’il n’a pas fini de nous surprendre.


Dans ce programme, parmi de jeunes pousses, figuraient néanmoins quelques artistes déjà confirmés. On ne présente plus Vérino. Il fait un carton tout-à-fait justifié partout où il se produit. C’est une valeur sûre.
Il y avait Tano aussi, dont j’avais déjà vu deux spectacles. Au fur et à mesure de ses prestations, il s’affirme de plus en plus. Il prend de plus en plus d’aisance, il va de plus en plus loin. Son humour, toujours bien écrit, est corrosif, osé, anticonformiste et il joue de mieux en mieux. A suivre, et de près…


Les autres artistes, je les connaissais un peu ou pas du tout. Les voici par ordre d’entrée en scène :
Fary m’a vraiment bluffé. En plus de son accoutrement improbable mais visiblement très étudié, il sait tout faire avec son corps. Il a une présence incontestable. Avec un air de ne pas y toucher, passant son temps à s’excuse avec son leitmotiv à l’adresse du public « Soyez pas méchants », il énonce et dénonce des vérités qui ne sont pas toujours bonnes à dire. Son humour est très fin, subtil. Avec un ton distancié, il aborde des sujets aussi épineux que le communautarisme, le racisme et… les filles. C’est très gonflé, et ça fait mouche à tous les coups. Une authentique révélation et un potentiel énorme. C’est un personnage.
Marc-Antoine Le Bret a su lui aussi m’amuser et, surtout, me surprendre. Des imitateurs, j’en ai croisés énormément et même accompagnés certains. Marc-Antoine m’a intéressé par sa façon intelligente d’amener ses imitations. Du jamais vu. Rayons voix, il nous a cloné des gens dont on n’a pas beaucoup l’habitude : Laurent Deutsch, André Manoukian, Benjamin Castaldi, Denis Brognart, les frères Bogdanov… Il est très facile, il a du charisme et ses textes sont remarquablement ciselés.



Alors lui, c’est mon gros coup de cœur ! Antoine Schoumsky va très rapidement faire partie de nos têtes d’affiche. Je l’avais déjà repéré dans On n’ demande qu’à en rire sur France 2. Chacune de ses prestations a été marquée du sceau de l’originalité. Il sait à ravir interpréter les personnages inquiétants, les psychopathes, les débiles plus ou moins légers. Son visage est très expressif et il possède la gestuelle d’un véritable acrobate. Artiste complet, il s’inscrit dans un registre bien à lui qui repose sur un humour très, très noir, voire féroce. J’ai hâte de découvrir son one man show dans son intégralité.

Bouchra aussi est étonnante par l’éventail de ses capacités. Non contente de savoir nous faire rire, elle danse à merveille, elle possède tout un arsenal de mimiques imparables et un sourire dévastateur. Très féminine, elle raconte son enfance, égratigne ses camarades d’école, revendique ses origines algériennes, s’en amuse et, avec beaucoup de pertinence et d’impertinence, ne tombe jamais dans le communautarisme. Une très belle présence.
Céline Lelièvre est pour moi un cas à part. Les fées se sont visiblement attardées sur son berceau pour la fignoler. Très jolie, agréable à regarder, bonne tchatcheuse, c’est une remarquable danseuse de hip-hop. Elle se livre à un cours collectif avec leçon de gestes et apprentissage du jargon hip-hopien. C’est convivial, interactif, mais ça trouve difficilement sa raison d’être dans un spectacle réservé à l’humour. Elle a néanmoins le mérite de se livrer avec une belle générosité.
Alex Barbe, je l’avais déjà entraperçu. Avec une espèce de nonchalance et une allure de premier de la classe, il pratique un humour corrosif, frontal, délicieusement dérangeant. On sent qu’il des choses à dire et la façon de les dire. Un garçon très prometteur.
Farid Chamekh aussi ne m’était pas totalement inconnu. Il fait également partie de ces artistes complets qui savent tout faire. Souriant, sympathique, très à l’aise avec son corps, il possède une grosse présence. Il a visiblement un métier déjà affirmé. Il donne lui aussi envie d’en voir plus.


Enfin, Christine Berrou est une de mes belles surprises de cette soirée. Déjà, au cours de ses saynètes farfelues avec Ben, je l’avais trouvée vraiment drôle. Elle a une façon quasi innocente de balancer vannes et vacheries. Elle possède surtout une très belle écriture. Lumineuse, fine, pratiquant à ravir l’autodérision, elle est particulièrement efficace dans le second degré. Avec une telle plume, une présence aussi charismatique et sa voix de petite fille elle devrait aller très loin.


Voilà. Elle était pas chouette ma soirée ?...

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