vendredi 15 août 2014

Frero Delavega

Sortie le 21 juillet 2014
Capitol Music / Universal Music

Personnellement, les Fréro Delavega (Jérémy Frérot et Flo De Lavega) étaient mon coup de cœur de la dernière saison de The Voice. J’avais espéré qu’ils aillent au bout. J’aimais leur fraîcheur, leur simplicité, leur joie de vivre communicative, leur plaisir de partager et, d’abord, j’aimais leur façon de chanter et le mariage de leur voix.
On sentait qu’ils en avaient « sous la semelle » et qu’ils n’auraient aucun mal à intéressser une maison de disques.

Leur premier album, éponyme, est donc sorti fin juillet.
On y retrouve tout ce qui fait le charme de ce duo. Ils sont un sens incroyable de l’harmonie. Leurs voix, naturellement mélodieuses, sont aussi complémentaires que fusionnelles. C’est doux, apaisant, positif, très agréable à écouter.


Pour moi, quatre titres se détachent d’un ensemble cohérent :
1/ Il y a. (pour sa construction : d’abord a cappella, puis discrète introduction d’une guitare, et enfin léger tapis de cordes. Le résultat est bluffant. C’est la meilleure des cartes de visite pour exposer la communion de leurs organes)
2/ Sur la route
3/ De l’autre côté

4/ Queenstone

vendredi 1 août 2014

Alex Vizorek est une oeuvre d'art

Petit Hébertot
78bis, Boulevard des Batignolles
75017 Paris
Tel : 01 42 93 13 04
Métro : Villiers / Rome
Seul en scène écrit par Alex Vizorek
Mis en scène par Stéphanie Bataille

Présentation : Quel est le point commun entre la Musique, la Sculpture, le Cinéma ou encore l’Art moderne ? Alex Vizorek et son génie comique bien sûr !
Le nouveau phénomène de l’humour belge, chroniqueur à France Inter, vous parlera d’Art avec la folie qui le caractérise.
Magritte, Ravel, Visconti y côtoient Pamela Anderson et Julien Lepers. Un must pour les amateurs de gai savoir !

Mon avis : « Je suis Belge ! »… Dès son entrée en scène, Alex Vizorek tombe le masque. Pas de faux-fuyant, pas d’hypocrisie, il fait d’emblée son coming out. Mais, rassurez-vous, pas besoin de parler couramment le belge, on comprend parfaitement tout ce qu’il dit. Pire même, il n’a aucun accent. Alors qu’à la radio, on entend parfois poindre une certaine tonalité bruxelloise.
Le garçon est élégant, propre sur lui. Mini vague impeccable, chemise blanche parfaitement repassée, fine cravate noire. Mais, histoire tout de même d’afficher son statut revendiqué d’humoriste, il arbore une paire de chaussettes arc-en-ciel… Avec un vocabulaire précis et recherché, il adopte le ton un peu docte d’un conférencier. C’est que le thème de son spectacle est on ne peut plus sérieux puisqu’il s’agit de la Culture ; la Culture avec un grand « C »… comme Comique aussi…
Alex Vizorek réussit en effet cette gageure de prouver que l’on peut faire rire intelligemment avec un sujet noble et a priori austère.


En fait, il aborde les grandes disciplines de la Culture par le petit bout de la lorgnette. Il adore parsemer son propos de digressions habiles, de réflexions décalées et de commentaires fallacieux. Et puis il ne dédaigne pas s’autoriser ça et là quelques saillies grivoises (« de l’importance de glisser une blague de cul dans un exposé culturel »), ou quelques remarques gentiment misogynes. Il incorpore en outre, et fort à-propos, des jeux de mots qui s’avèrent, bien qu’il s’en défende, d’excellente facture. Enfin, manière aussi de dépoussiérer la Culture, il utilise à bon escient le name dropping. Si bien qu’aux côtés de sommités du monde de l’Art, on peut retrouver Nadine Morano, Marc Lévy, DSK, Céline Dion, Ribéry, Paris Hilton, Luis Fernandez…)


Comme tout bon conférencier qui se respecte et respecte le public, il illustre sa rhétorique avec une série de projections. Ce qui lui permet également d’installer une vraie interactivité avec le public. Ce qui l’amène à se livrer ainsi à un petit quiz participatif sur la peinture. A nous de décréter entre un tableau de Magritte et une scène coquine lequel des deux est une œuvre dard ?


Le spectacle d’Alex Vizorek est donc dûment découpé en chapitres qui sont autant de sketches : la Musique, la Peinture, la Sculpture, le Cinéma, la Chanson… Comme tout Belge, il a cette aptitude innée au non sens et au burlesque. Ses textes sont remarquablement écrits et fort bien documentés. Son adage de référence est une phrase de Malraux : « L’Art est le plus court chemin de l’homme à l’homme ». J’y ajouterai pour ma part  « surtout si ce chemin est balisé par l’humour »…
Mission accomplie pour Alex Vizorek. Avec beaucoup de finesse, il sait nous captiver et nous amuser avec une thématique peu facile ce en quoi il se démarque de la plupart des one-man shows humoristiques. C’est vraiment de la belle ouvrage.


Gilbert « Critikator » Jouin