lundi 21 septembre 2015

ça n'arrive pas qu'aux autres

Café de la Gare
41, rue du Temple
75004 Paris
Tel : 01 42 78 52 51
Métro : Rambuteau / Hôtel de Ville

Une comédie de Nicolas Martinez et Benoît Moret
Mise en scène par Nicolas Martinez et Benoît Moret
Scénographie de Virginie Destiné
Chorégraphies de Karine Orts-Briançon
Costumes de Bénédicte Defitte
Lumières de Jean-Luc Chanonat
Avec Ariane Boumendil (madame Moret), Nicolas Martinez (monsieur Moret), Benoît Moret (monsieur Marty), Pascale Oudot (madame Marty)

Présentation : Tout est allé très vite. C’était un mardi. Il était 20 h 00. Ils étaient venus visiter cette maison. Personne n’aurait pu prévoir ce qui s’est passé.
Comment l’alchimie entre quatre personnages peut-elle transformer une simple visite immobilière en un véritable cauchemar ?

Mon avis : Une collègue journaliste m’avait chaudement recommandé cette pièce. Ensuite, j’ai lu des critiques de spectateurs plus qu’élogieuses, pour ne pas dire dithyrambiques, sur le site de BilletRéduc. C’est donc plutôt excité que je me suis rendu au Café de la Gare pour découvrir cette pièce annoncée comme « déjantée », « délirante », « dingue », « haletante »… Tout ce que j’aime, quoi ! En plus, la file d’attente qui s’étirait jusque sur le trottoir de la rue du Temple était annonciatrice de succès. Effectivement, la salle était pleine à craquer lorsque le rideau s’est levé sur la salle de séjour d’un petit pavillon normand.

Une heure et demie plus tard, j’étais perplexe, désemparé. J’avais à peine ri et, surtout, j’essayais de re-tricoter les raisons qui avaient provoqué mon manque quasi total d’adhésion.
Le postulat de départ de la pièce et certains de ses ressorts sont pourtant efficaces. Mais qu’est-ce qui a provoqué, à mes yeux, ce grippage dans les rouages ? Toutes les pièces du puzzle sont en place, mais elles ne s’emboîtent pas.

Voyons d’abord ce qui est positif. Les quatre comédiens sont absolument irréprochables. Ils se livrent sans compter avec une incroyable débauche d’énergie. Les quatre caractères, très différents, sont plutôt bien dessinés. Les antagonismes qui se révèlent peu à peu entre les deux couples composent des éléments très forts en matière de comédie, particulièrement leur différence de niveau social. En dépit de tels ingrédients, l’alchimie ne prend pas.


Le comique de répétition, trop lourd et prévisible, ne fonctionne pas (par exemple « le bout »). Le personnage de monsieur Marty, parano et cyclothymique, est trop outré. Certains de ses comportements sont incompréhensibles. Il y a des longueurs dans la première partie. Ce qui aurait pu être une excellente parodie d’un bouquin de Stephen King, genre Misery, se réduit à une sorte de thriller graveleux et surréaliste… Les annonces à la télévision de l’existence d’un tueur en série dans la région arrivent comme un cheveu dans la soupe. La première nous prépare à un suspense, mais la seconde, en nous apprenant son arrestation, fout tout par terre puisqu’elle anéantit brutalement notre attente… Quant à la fin, elle m’a laissé sur ma faim.
Bref il y a trop d’incohérences dans cette pièce, trop d’approximations, pour qu’elle nous apparaisse plausible. J’adore les grains de folie ou le burlesque lorsqu’ils reposent sur un fond de crédibilité. Ici, nous avons droit à une succession de scènes qui deviennent de plus en plus improbables. J’avoue que j’ai très vite décroché en dépit de l’ardeur des comédiens qui, je le répète, sont vraiment à fond dans leurs personnages.

Je suis convaincu que ce n’est qu’un problème d’écriture. Il faudrait simplement resserrer quelques boulons, gommer certaines facilités complaisantes, éradiquer les illogismes, bref, traiter cette histoire qui pourrait tenir la route (et en haleine) avec un esprit un tantinet plus cartésien ; alors, la sauce prendrait.
Maintenant, peut-être suis-je trop exigeant. En effet, partout autour de moi, les gens hurlaient de rire, tapaient des mains, ovationnaient. Ce qui signifie qu’il y a un public pour ce type de farce et que le bouche à oreille fonctionne favorablement. Ce n’est donc pas par ce que ça ne m’a pas plu que je dois en dégoûter les autres…


Gilbert « Critikator » Jouin

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