vendredi 15 janvier 2016

Laurent Viel "Chansons aux enchères"

Théâtre des Mathurins
36, rue des Mathurins
75008 Paris
Tel : 01 42 65 90 00
Métro : Havre-Caumartin / Auber

Un spectacle de Laurent Veil (chant) et Thierry Garcia (guitare)
Conçu en collaboration avec Xavier Lacouture

Présentation : Un tour de chansons, comme ça, pour faire vivre des textes qui ont marqué de leur empreinte l’âme et le cœur de chacun d’entre nous.
Solidement épaulé par Thierry Garcia, son complice de toujours, à la guitare et aux arrangements, Laurent Viel nous lance des chansons à la volée, à nous de les attraper et de les reprendre à notre compte, au gré de nos souvenirs.
Le concept est simple, limpide, sur le fil conducteur d’une vente aux enchères. Qu’importe la chansonnette, la variété ou le chef-d’œuvre immortel, ces chansons trouvent toutes grâce à leurs yeux dans cet inventaire à la Prévert, ce bric-à-brac mis en vente libre où chacun peut trouver son petit plaisir.

Mon avis : Une claque ! Une claque magistrale ! De ces claques bienveillantes (bienvielantes ?) qui vous mettent la tête à l’endroit et le cœur en fête. Moi qui suis tout le contraire d’un mystique, je me suis senti comme à une messe ; en totale communion avec un prêtre païen dont la Bible est le Grand Livre de la Chanson Française.
Mon enthousiasme peut, de prime abord, vous sembler excessif et primesautier. Il ne traduit pourtant à peine dans quel état extatique ce tour de chant m’a mis. Les oreilles et les yeux comme rarement en éveil, j’ai vécu l’espace d’une heure et demie une parenthèse enchantée. Le grand amoureux de chanson française que je suis a été comblé au-delà de tout. J’ai assisté à une prestation qui symbolise pour moi ce que peut être la quintessence (def : « partie la plus subtile d’une substance ») artistique.

Photo Cathy Lohé
Laurent Viel est un véritable alchimiste. Dans son creuset, il verse aussi bien des matériaux nobles, des pépites (Barbara, Brassens, Brel, Ferré, Aznavour, Bécaud, Nougaro…) que des éléments plus légers mais qui sont hautement labellisés (Vartan, Farmer, Gall, Dave, Desireless, Guesch Patti, Stromae…), il mélange le tout, il pilonne allègrement, et il conçoit des avatars qui sont de pures merveilles.

Sur la scène des Mathurins, Laurent Viel endosse la fonction de commissaire priseur. Elégant, lumineux, l’œil qui frise, il extrait de son coffre aux trésors des œuvres de collection, de ces chansons dont la plupart appartiennent, ô combien, à notre patrimoine. Mais il ne nous les livre pas figées, ainsi qu’elles le sont dans notre mémoire. Il se les approprie, les revisite, les remodèle, les associe à d’autres, les fragmente, les entremêle. Il ose même des pots qui sont tout sauf pourris… Autant fin comédien que remarquable interprète, il vit et joue chacune de ses re-créations. Il m’a fait écouter et apprécier différemment des chansons que je connaissais par cœur. Très sincèrement, j’ai trouvé certaines de ses versions meilleures que les originales. Pour l’intensité qu’il y met, pour sa compréhension pointue des textes, pour son incarnation des personnages… En nous rendant ainsi attentifs, il réussit la performance de nous faire redécouvrir des titres qu’on croyait gravés à jamais tels quels dans notre disque dur. Il les dépoussière littéralement et nous les offre vierges et beaux comme à leur premier jour.

Photo Cathy Lohé
Laurent Viel n’est pas seul pour nous faire ce cadeau. Il faut lui associer Thierry Garcia, son guitariste, qui est bien plus qu’un partenaire. Lui aussi, avec ses arrangements novateurs, audacieux, surprenants, et sa participation dans le jeu et le dialogue (les intermèdes entre les chansons sont des petits bijoux d’écriture) permet que cette vente aux enchères soit un succès total.

Voilà. Si vous voulez vivre un grand moment de chanson, vibrer, rire, vous émouvoir, et surtout partager avec un authentique artiste aussi sensible que drôle, courez aux Mathurins découvrir Chansons aux enchères. En tout cas, personnellement, ce moment privilégié que je qualifierai aussi de Vente aux gens chers (à notre cœur), j’en ai été vraiment client.


Gilbert « Critikator » Jouin

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