samedi 27 août 2016

Commissariat central

M6
Tous les samedis à 18 h 35

Une série de 210 épisodes de 4 minutes
Créée par Frank Cimière, Benjamin Depierrois, Alain Kappauf, Fabien Rault
Réalisée par Varante Soudjian, Olivier Chapelle, Séverine Bouvier
Directeurs d’écriture : Varante Soudjian et Thomas Pone

Avec Guy Lecluyse (le commissaire Campanella), Tano (Bernard), Matthieu Pillard (Francky), Nadia Roz (Inès), Waly Dia (Vince), Vinnie Dargaud (Yohann), Julie Schotsmans (Audrey)…

Présentation : Bienvenue dans le joyeux quotidien de la BAC (Brigade Anti-Criminalité) de la petite ville de Saint-Villiers, dirigée par le commissaire Campanella, vieux briscard qui a gravi tous les échelons de la police et qui doit aujourd’hui faire régner l’ordre dans sa ville.
Pour cela, il devra « faire avec » sa brigade de flics aux caractères bien trempés dont l’enthousiasme débordant ne compense pas les erreurs de jugement, l’inexpérience ou encore les problèmes existentiels.

Mon avis : Ayant visionné en avant-première plusieurs épisodes de cette nouvelle série programmée par M6, je puis lui garantir un grand succès public. Je me suis retrouvé en effet dans les mêmes sensations jubilatoires que j’avais éprouvées quinze ans plus tôt en découvrant Caméra Café ! Le fait que l’on retrouve dans les deux divertissements la présence d’Alain Kappauf n’y est pas étranger. C’est le même état d’esprit, c’est la même volonté de faire rire, c’est le même souci de qualité…


Tous les critères sont réunis dans Commissariat central pour en faire un rendez-vous incontournable : écriture ciselée, un ton décalé et, surtout, un casting formidable.
Les sept comédiens principaux sont quasiment tous issus de la scène ; du one-(wo)man show, pour Nadia Roz, Tano, Waly Dia, du cabaret, pour Matthieu Pillard avec les Chiche Capon… Guy Lecluyse, lui, est tout autant rompu à l’exercice de la comédie que du thriller. Comédien fétiche d’Olivier Marchal, il connaît sur le bout de son flingue l’univers de la police sous ses aspects les plus sombres. Mais, comme il est à la base un humoriste, tant au théâtre qu’au cinéma, il a suffisamment de recul pour mettre toutes ces expériences au service de la dérision… Vinnie Dargaud, issu du Cours Florent, s’est surtout formé au théâtre en jouant aussi bien Hugo que Feydeau, Molière que Musset… Quant à Julie Schotsmans, passée par l’Actor Studio, on a pu la voir dans différentes comédies au théâtre et à la télévision, et dans de nombreuses pubs.

Ce qui est frappant, c’est la belle complicité qui unit tous ces artistes. Nous sommes en présence d’une véritable troupe. On les sent totalement investis dans ce projet, ils donnent le meilleur et ils y vont à fond.
Ce qui est bien également, c’est qu’on rit des personnages, mais pas de leur fonction. Jamais le métier de policier n’est tourné en ridicule. Au contraire, on peut lire en filigrane l’importance de leur mission dans notre société. Le problème, c’est que nous avons affaire avec ces trois binômes, à un concentré de Pieds Nickelés. Les caractères sont remarquablement dessinés.
Campanella (Guy Lecluyse) est un flic qui vient du terrain. Il a gravi tous les échelons. On ne la lui fait pas. Il est bourru, maladroitement autoritaire, et pudiquement paternaliste…

Parlons de ces fameux binômes…


Inès (Nadia Roz) est ambitieuse, intelligente, rigoureuse, fonceuse, maniaque. Son point faible, c’est son côté romantique. Elle aurait tellement besoin d’une épaule et de ce qui va avec pour lui faire des enfants… Son coéquipier, Vince (Waly Dia) est un tantinet frimeur, il se la pète un peu, il soigne son look ; totalement imprégné par les séries policières américaines, il essaie de les rejouer dans son petit commissariat de Saint-Villiers.


Audrey (Julie Schotsmans) ; c’est l’impulsive. (Mal) mariée à la ville avec un looser, elle est ronchon, vindicative, sans cesse à la recherche d’expédients pour arrondir ses fins de mois, ce qui peut expliquer sa nervosité chronique… Heureusement, elle est associée à son contraire, Yohann (Vinnie Dargaud) ; lui il ne pense qu’à la déconne, à inventer des blagues pourries. C’est un grand gamin qui n’a pas encore coupé le cordon avec maman. Chez lui tout est prétexte à s’amuser ce qui ne l’empêche d’être un excellent camarade.


Bernard (Tano), c’est le marginal. Il a ses propres codes, ses propres lois, ses propres méthodes. Normal : il est Corse ! En constant équilibre sur la ligne jaune, il aime son boulot, il aime son coéquipier, mais il aime beaucoup moins son ex-femme avec laquelle il est en conflit permanent pour la garde d’un fils dont ils ne veulent ni l’un ni l’autre !... Francky (Matthieu Pillard), c’est le balourd. Il est très stéréotypé : empli d’idées reçues, un zeste de racisme, un autre de misogynie, mais plus par réflexe que par conviction profonde. Limite bas de plafond, caricatural, c’est néanmoins un brave type qui donnerait sa vie pour son pote Bernard.
Personnellement, même si j’ai trouvé tous les comédiens excellents, j’avoue avoir un faible pour le duo de bras cassés que forment Bernard et Francky.


En résumé, Commissariat central est une série savoureuse grâce à sa galerie de personnages pittoresques, ses successions de sketches et de saynètes rondement menées et finement observées. Le jeu de tous les comédiens est un régal. Bien sûr, on n’écrit pas 210 épisodes sans que certains comportent leur lot de situations grotesques ou quelques outrances. Mais la majorité est vraiment d’une très bonne tenue. Commissariat central se regarde avec beaucoup de plaisir et les téléspectateurs vont très rapidement s’attacher à cette brochette d’hurluberlus.

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