lundi 19 mars 2018

Mémoires d'un tricheur


Rive Gauche
6, rue de la Gaîté
75014 Paris
Tel : 01 43 35 32 31
Métro : Edgard Quinet / Gaîté

D’après le seul roman de Sacha Guitry
Adapté et mis en scène par Eric-Emmanuel Schmitt
Lumières de Jacques Rouveyrollis
Costumes de Virginie H
Décor de Nils Zachariasen

Avec Olivier Lejeune et Sylvain Katan

L’histoire : A 10 ans, Alex perd sa famille, intoxiquée par un plat de champignons. S’il survit, c’est parce qu’il a été privé de repas pour avoir volé deux francs dans la caisse du magasin paternel. Son larcin l’a sauvé de la mort tandis que l’honnêteté a tué les siens ! Si seul le crime paie, pas étonnant qu’il ait une étrange conception du monde, se convertisse à la tricherie, en amour comme au casino… Il nous raconte sa vie rocambolesque. Qu’est-il-devenu ?

Mon avis : Il faut surtout arriver à l’heure afin de ne pas manquer le générique de cette pièce. Oui, oui, comme au cinéma, il y a un générique. Et il est particulièrement savoureux. Tourné en noir et blanc, il nous met en présence d’un Sacha Guitry qui nous présente à la fois le thème de cette comédie, ses différents protagonistes, jusques à ses techniciens. Bref, toutes les personnes impliquées pour une raison ou pour une autre dans cette aventure. C’est plein d’humour. Guitry, aussi épris de théâtre que de cinéma, ne l’aurait pas renié ce générique…

Photo Pascal Ito
 Eric-Emmanuel Schmitt a donc synthétisé l’unique roman de Sacha Guitry pout en tirer une comédie en forme de monologue dans lequel Alex nous raconte sa vie de ses 10 ans à l’âge adulte. Mais, pour que ces confidences ne nous paraissent pas trop monocordes et, à la longue, ennuyeuses, il a eu la superbe idée, d’illustrer certaines scènes de la vie d’Alex en les matérialisant à travers un personnage. Un seul acteur incarne tous les rôles : Alex à 10 ans, la dame qui l’a recueilli après la disparition tragique de toute sa famille, un poilu de la guerre 14, une comtesse… Ces interventions apportent des ruptures, du rythme, des éclaircissements et, surtout, beaucoup de drôlerie.


Pour l’interprétation de cette pièce, on peut parler de double performance d’acteur. Olivier Lejeune, omniprésent (il ne quitte pas la scène du début à la fin), incarne Alex avec toute la finesse d’esprit qui sied à Guitry. Il tient son rôle de conteur avec énormément de malice et de distance avec, parfois, une petite pincée de truculence. Son peu est d’une justesse irréprochable. Il est très convaincant et son bonheur d’être sur scène est communicatif. Il est dans son élément.
Il est parfaitement secondé par son complice, Sylvain Katan, qui campe avec pittoresque et cocasserie tous les autres rôles, y compris les féminins. Il est absolument épatant.


Cette judicieuse trouvaille de mise en scène, nous permet de prendre un réel plaisir en suivant le jeu de ce binôme parfait, mariage classique du clown blanc (Olivier Lejeune), impeccable dans sa linéarité, et de l’Auguste (Sylvain Katan) tout en pitreries de bon aloi. Cette pièce possède un charme désuet qui évoque fort bien cette époque. Personnellement, il m’a manqué ça et là quelques saillies propres à Sacha Guitry, saillies que ce gourmand de bons mots qu’est Olivier Lejeune aurait su nous adresser comme autant de petits clins d’œil spirituels… Eric-Emmanuel Schmitt s’est peut-être montré trop « raisonnable ».

Gilbert « Critikator » Jouin




Aucun commentaire: